Représentés dans plusieurs parlements, les partis d’extrême droite en Europe ne participent à aucun gouvernement.
Leur évolution dépend des contextes nationaux, mais ils partagent un même rejet de l’islam et de l’Union européenne.
Plusieurs partis d’extrême droite en Europe ont déjà obtenu, lors de scrutins nationaux, des scores équivalents, voire supérieurs, à celui du Front national en France.
C’est le cas de l’Union démocratique du centre (UDC), l’initiateur d’un référendum contre la construction de minarets en Suisse, en 2009. Ayant remporté 26,6 % des voix aux législatives de décembre dernier, cette formation populiste volontiers xénophobe occupe plus du quart des sièges du Conseil national, le parlement.
Au sein de l’Union européenne (UE) au sens strict, quatre formations d’extrême droite ont obtenu un résultat dépassant 15 % lors des dernières législatives : en Autriche, Finlande, Hongrie et aux Pays-Bas.
Si aujourd’hui aucun gouvernement en Europe ne compte de membre d’un parti d’extrême droite ni ne dépend du soutien de celui-ci, ce ne fut pas toujours le cas ces dix dernières années.
De 2001 à 2011, le Parti populaire danois a toujours été un partenaire de coalition pour les équipes ministérielles de droite. Au Pays-Bas, en vertu d’un accord, le Parti pour la liberté de Geert Wilders apportait son soutien au gouvernement sans y participer, jusqu’à ce qu’il refuse de cautionner sa politique d’austérité et entraîne sa démission, lundi 23 avril.
En Grèce, s’opposant eux aussi à des mesures d’austérité, les quatre ministres de l’Alerte populaire orthodoxe ont démissionné en février dernier du gouvernement d’union nationale.
Rejet de l’immigration musulmane et de la mondialisation
Bien que certains pays échappent à la montée de l’extrême droite à un niveau national – l’Espagne, où, malgré un terreau de crise économique, aucun parti ne s’est imposé lors des législatives de novembre dernier, ou la Belgique, où le parti flamand Vlaams Belang est en régression –, la tendance est à la progression.
D’après la géopoliticienne Béatrice Giblin, elle tient à des ressorts identiques quel que soit le pays : le rejet de l’immigration musulmane, de la mondialisation et de l’Union européenne (UE).
Malgré des particularités nationales, tous ces partis utilisent « la représentation selon laquelle la nation doit être protégée d’une menace qui pourrait mettre son existence en péril », écrit-elle dans le dernier numéro de la revue Hérodote.
Pays d’Europe où l’extrême droite a réalisé le meilleur score ces dernières années, l’Autriche est aussi le premier pays du continent où fut formée une coalition gouvernementale comprenant un parti d’extrême droite. C’était en 1999, avec le Parti autrichien de la liberté (FPÖ), à l’époque dirigé par Jorg Haider, décédé en octobre 2008.
Créé par d’anciens nazis, nationaliste et antieuropéen, le FPÖ bénéficie aujourd’hui d’un vote ouvrier et profite des déboires de la droite conservatrice au pouvoir, en proie à des affaires de corruption.
Après des années difficiles, il est donné au coude-à-coude avec les sociaux-démocrates aux prochaines législatives, à l’automne 2013. Au détriment de l’Alliance pour l’avenir de l’Autriche (BZÖ), créé par Jorg Haider après sa sécession du FPÖ.
Très présente en Europe du Nord
Dans certains pays d’Europe du Nord, l’extrême droite fait preuve de constance. Depuis le début des années 1970, elle est représentée de manière continue aux parlements danois (aujourd’hui par le Parti populaire danois) et norvégien (aujourd’hui par le Parti du progrès).
Les Démocrates de Suède ont néanmoins dû attendre les législatives de septembre 2010, lors desquelles ils ont gagné 20 sièges (avec 5,7 % des voix) et les Vrais Finlandais (PS), celles d’avril 2011, qui leur ont permis de remporter 39 sièges (avec 19,1 % des voix).
À l’exception des Démocrates de Suède, dont un ancien dirigeant fut membre d’un parti néonazi, ces partis d’Europe du Nord ont des liens ténus avec l’extrême droite au sens strict, antidémocratique, antisémite et xénophobe.
Dans des pays d’émigration devenus récemment des terres d’immigration, ils ont pour point commun de mettre en avant les risques du multiculturalisme, constitutif du modèle nordique. Un discours qui s’est récemment mué en « une dénonciation de l’islam dont les valeurs sont présentées comme incompatibles avec celles des sociétés nordiques », écrit le spécialiste de la région Cyril Coulet dans Hérodote.
En Hongrie, la montée du parti nationaliste Jobbik, qui a fait une première entrée au Parlement en avril 2010, relève autant de la tendance générale que de la particularité de la situation hongroise.
Le parti profite d’un rejet grandissant de l’UE, accusée d’entamer la souveraineté nationale, sujet sensible dans un pays où l’amputation des deux tiers du territoire, au lendemain de la Première Guerre mondiale, a laissé une plaie encore ouverte.
24/4/2011, MARIANNE MEUNIER
Source : La Croix