jeudi 4 juillet 2024 10:22

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M. Abdellatif Maâzouz à l'écoute de la communauté marocaine en Italie: attentes et espoirs

Le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Maâzouz, entamera mardi une visite de cinq jours en Italie où les attentes de la communauté marocaine sont à la mesure de son attachement à ses racines et de l'affection qu'elle voue pour la mère-patrie.

Forte des dispositions consacrées par la Constitution aux Marocains résidant à l'étranger (MRE) et des engagements pris par le gouvernement à leur égard, la communauté marocaine en Italie, qui compte quelque 550.000 membres, évolue à vue d'œil. Bien qu'implantés essentiellement au nord du pays où l'activité économique leur offre de meilleures opportunités d'emploi, ses membres sont parsemés sur tout le territoire italien où ils sont présents dans divers secteurs d'activité.

Si pour les hommes, le bâtiment, l'agriculture et le commerce sont, selon l'Institut italien des statistiques (Istat), des secteurs à forte présence marocaine, pour les femmes, les activités de prédilection sont plutôt liées aux secteurs hôtelier, de la restauration, de la santé, du textile, du nettoyage et des travaux ménagers.

Une élite marocaine est cependant en train d'émerger dans la Péninsule et sa présence est de plus en plus perceptible particulièrement dans l'enseignement supérieur, la santé et l'entreprenariat.

L'activité politique n'est pas en reste puisqu'on compte parmi les cadres marocains de plus en plus de militants de partis, comme d'ailleurs de syndicats, qui se font, entre autres, les porte-voix de la communauté immigrée auprès des autorités du pays d'accueil. A maintes reprises, celles-ci ont montré, en dépit des voix blasphématoires d'une faction de l'extrême droite aux abois, qu'elles étaient hautement sensibles à la question migratoire.

Au sommet de l'Etat, le président Giorgio Napolitano, lui-même, a à maintes occasions rendu hommage à la communauté immigrée et en a loué les mérites et l'apport substantiel à l'économie de son pays.

La communauté marocaine est à ce titre l'une des plus dynamiques en Italie. Pour preuve, 50.767 entreprises étaient, selon le Conseil national de l'économie et du travail (Cnel), dirigées en 2010 par des citoyens marocains. En 2008 déjà, 31.119 entreprises avaient, d'après l'Istat, des Marocains à leur tête, soit le 1/6ème des entreprises du pays.

Rien qu'au Piémont (nord-ouest), le nombre des entreprises gérées par des ressortissants marocains avait atteint 8.790 au cours des six premiers mois de l'année 2011, selon des statistiques plus récentes publiées par l'Union des Chambres professionnelles de la région. Les entrepreneurs marocains occupent la deuxième place, juste derrière les Roumains.

En outre, d'après des estimations publiées en décembre dernier par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), les entrepreneurs issus de l'immigration marocaine contribuent à hauteur de 10 pc au Produit intérieur brut (PIB) italien.

Cette dynamique se trouve malheureusement quelque peu freinée par une conjoncture économique morose dont pâtit la communauté marocaine en Italie à l'image de celle d'autres pays européens qui font face à l'une des pires crises des dernières années.
Des chiffres fournis par l'Association nationale outre-frontières (Anofl), une organisation où sont représentés des immigrés de différentes nationalités, font état du retour au Maroc depuis le début de la crise de quelque 13 pc des membres de la communauté marocaine. 3 à 4 pc des intéressés sont revenus de manière définitive au Maroc alors que les autres (dont un certain nombre ont laissé leurs familles en Italie) attendent de voir si les conditions seront ou non propices à leur retour dans la Péninsule, selon cette association proche de l'un des principaux syndicats du pays, la Confédération italienne des syndicats de travailleurs (CISL).

Lors d'une table ronde sur le thème "Crise économique et Marocains du monde" organisée en février dernier à Casablanca, M. Maâzouz avait souligné, à cet égard, la nécessité de ''renforcer, en ces temps de crise qui sévit en Europe, les dispositifs et moyens humains et financiers dédiés aux MRE''.

Il faut redoubler d'intérêt et d'attention envers la communauté marocaine vivant à l'étranger et veiller à ce que ses droits ne soient pas bafoués et leur dignité préservée, avait-il insisté lors de cette table ronde initiée par le magazine spécialisé dans les questions migratoires "Bledmag" avec la collaboration du Centre d'études et de recherches sur l'immigration et la citoyenneté (CERIC).
Les MRE ne sont pas seulement "des sources de transferts d'argent" mais des personnes qui connaissent beaucoup de problèmes en cette période de crise, avait fait observer le ministre, pour qui le développement socio-économique du Maroc ne peut se concevoir sans la participation effective de tous ses citoyens là où ils se trouvent.

Intervenant lors d'un séminaire organisé en mars dernier à Rabat par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), M. Maâzouz avait souligné notamment l'importance de la diaspora à forte matière grise qui se trouve au-delà des frontières du Royaume.

Durant ce séminaire, tenu sous le thème "sciences, technologie, innovation et développement solidaire: quelle contribution des compétences marocaines dans le monde ?", il avait mis en relief l'action soutenue menée depuis plusieurs années par le Royaume pour mettre en place une stratégie nationale permettant la mobilisation de l'ensemble des compétences, notamment celles expatriées, pour le développement socio-économique du pays.

L'intérêt pour les Marocains résidant à l'étranger avait été réaffirmé aussi par M. Maâzouz en février dernier à Agadir lorsqu'il avait soutenu que la communauté marocaine expatriée se trouve au coeur de l'action du gouvernement et que l'une des priorités la concernant consiste à mettre en oeuvre les dispositions de la Constitution qui stipule la participation des Marocains du monde à la gestion de la chose publique.

Tous les Marocains, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, ont un rôle décisif à jouer dans la dynamique actuelle que vit le Royaume à tous les niveaux, avait-il insisté lors d'un point de presse en marge du Festival Cinéma-Migrations tenu du 8 au 11 février.

Il avait rappelé à ce propos les principaux axes de l'action du gouvernement dans ce domaine, à savoir les volets religieux, culturel et éducationnel, administratif et consulaire, social, économique et de la participation à la vie nationale.

Le ministre avait, par la même, souligné la nécessité de mesures d'accompagnement et d'actions préventives pour juguler l'impact de la crise économique sur les MRE ou des aléas politiques que vivent aujourd'hui les pays d'accueil mais aussi pour favoriser l'investissement des Marocains de l'étranger dans leur pays d'origine.

La visite que M. Maâzouz s'apprête à effectuer en Italie sera donc une occasion d'évoquer ces différents aspects et d'autres en lien avec le vécu de la communauté marocaine. Outre des institutionnels italiens, ses interlocuteurs seront des associations de Marocains qui auront toute latitude pour exposer leurs problèmes et leurs doléances.

Ses déplacements dans plusieurs villes d'Italie (Rome, Bergame, Bologne, Reggio Emilia et Padoue) lui permettront certainement de se faire une idée des questions à l'ordre du jour et qui touchent à des domaines aussi variés que ceux de l'enseignement de la langue arabe et de la culture islamique, du statut personnel et de l'assistance juridique et des procédures administratives.
Les six consulats du Maroc que compte l'Italie (à Rome, Bologne, Verone, Milan, Turin et Palerme) accomplissent, à ne pas douter, un travail colossal face à une demande croissante et variée et à des problèmes complexes dont les solutions requièrent souvent un grand effort de coordination avec les autorités des pays d'accueil.

Une séance de travail est d'ailleurs prévue avec les Consuls généraux du Royaume lors du déplacement de M. Maâzouz qui, par la même, procédera à l'inauguration du festival culturel marocain organisé à Bergame et donnera, à Bologne, le coup d'envoi de programmes éducatifs et culturels initiés par son département.

De date relativement récente puisqu'elle ne remonte qu'aux années quatre-vingt, l'émigration en Italie évolue en nombre et en qualité. Les besoins et les demandes des membres de la communauté marocaine évoluent également comme ceux de leurs enfants nés sous le ciel italien. Outre l'écoute de leurs doléances, ils nourrissent l'espoir que des actes concrets viennent renforcer encore plus les passerelles qui les lient à la mère-patrie et promouvoir davantage leur attachement à ses valeurs et son héritage culturel et civilisationnel.

30/5/2012, Amina Benlahsen

Source : MAP

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