Si la gauche, dans toutes ses composantes, a su convaincre une majorité d’électeurs - parmi lesquels de nombreux habitants des quartiers populaires et/ou issus de l’immigration -, c’est parce qu’elle a marqué son rejet du bilan désastreux des cinq années de Nicolas Sarkozy. Parce qu’elle a commencé à pointer les vraies causes des problèmes économiques et sociaux (dont les conséquences sont supportées par la grande majorité des Français), mais également parce qu’elle s’est prononcée sur les questions sociétales et, entre autres, sur sa
volonté d’accorder aux étrangers non-communautaires le droit de vote aux élections locales. En accordant majoritairement leurs suffrages à la gauche et à François Hollande le 22 avril, une majorité d’électeurs s’est clairement prononcée pour une société fondée sur plus de justice et plus d’égalité. En cette veille de second tour, il y a lieu d’être vigilant face aux dangers de dérives xénophobes. La course aux voix des électeurs du FN peut y conduire.
Il y a d’autant plus lieu d’être vigilant que ces dérives ne sont pas le fait des seuls politiciens de droite. Nos craintes sont aussi ailleurs. Que de fois, en d’autres circonstances, n’avons-nous été trompés non seulement par les promesses non tenues (Mitterrand en 1981), mais aussi scandalisés par les déclarations inqualifiables selon lesquelles l’extrême droite «posait les bonnes questions mais…».
Nos craintes sont d’autant plus fondées si l’on se réfère aux récentes déclarations de certains responsables du Parti socialiste n’hésitant pas à affirmer que des habitants des quartiers populaires souffrent de l’insécurité, «souffrent d’une immigration clandestine non maîtrisée». Les mêmes «émettent des doutes» quant au droit de vote ou à la nécessité de régulariser les sans-papiers.
Nous n’acceptons pas que les questions liées à l’immigration soient ainsi manipulées à des fins électoralistes.
Revenir sur les promesses et les propositions des candidats, c’est non seulement trahir la confiance de millions d’électeurs qui ont voté pour la gauche mais, qui plus est, cela n’aidera pas à gagner les électeurs du FN. Les raisons du désarroi et de la désespérance des millions de gens qui se sont soit abstenus, soit prononcés pour le Front national sont à chercher ailleurs. C’est le modèle ultralibéral et le système financier dominant qui ont fini par déposséder les pays et les Etats de leur souveraineté ainsi que les peuples et les gens de leur citoyenneté réelle. Plutôt que de s’en prendre à l’idée d’accorder le droit de vote aux étrangers non-communautaires aux élections locales, n’y a-t-il pas lieu au contraire de revendiquer encore plus de citoyenneté, premier pas pour recouvrer plus de souveraineté pour tous et toutes ?
Nous mettons en garde toutes celles et tous ceux qui seraient tentés par les dérives démagogiques et les anathèmes contre les immigrés en vue de gagner les suffrages des électeurs FN. Ils risquent de perdre ceux-ci ainsi que l’âme et la confiance de ceux et celles qui les ont soutenus.
Tout en restant extrêmement vigilants et fermement opposés à ces amalgames et instrumentalisations des immigrés, nous sommes conscients de la gravité de la situation et de la nécessité de mettre fin au quinquennat désastreux de Nicolas Sarkozy sur le plan économique, social et surtout moral en matière de respect des droits de l’homme et d’égalité des droits. C’est pourquoi nous appelons à la mobilisation générale et citoyenne pour voter François Hollande. Mais nous veillerons à ce qu’une fois élu- ce que nous souhaitons -, celui-ci demeure fidèle à tous ses engagements.
Par UN GROUPE DE MILITANTS ET DE RESPONSABLES ASSOCIATIFS
Premiers signataires…Suite