Arab Jazz. C’est le nom du tout premier roman policier signé Karim Miské paru aux éditions Viviane Hamy. Ce polar fait énormément parler de lui en ce moment en France et excite les plumes des critiques littéraires qui le voit comme un futur best-seller. Le héros de l’histoire est un Marocain Résident à l’Etranger qui va devoir enquêter sur l’assassinat de sa voisine.
Karim Miské n’est pas d’origine marocaine mais connaît bien l’Afrique. Ce réalisateur de documentaire et écrivain est né en Côte d’Ivoire en 1964 d’un père mauritanien et d’une mère française. Il grandit en France et étudie au Sénégal.
Un héros marocain nommé Ahmed
Pourtant il existe bel et bien un lien entre lui et le Maroc : le héros de son premier polar est Français d’origine marocaine. Il s’appelle d’ailleurs d’Ahmed Taroudant et est âgé d’une trentaine d’années. Ahmed est le fils d’un musicien gnawa à peau noire et sa mère est la fille d’un cheikh soufi. « Ce choix de prendre pour héros un personnage marocain m’est venu d’une manière assez naturelle. Ayant un père mauritanien, j’ai toujours des membres de ma famille qui vont régulièrement au Maroc. Il existe entre ces deux pays une espèce de familiarité et de proximité qui a fait que j’ai eu vraiment envie que mon personnage principal soit du Maghreb », déclare Karim Miské, joint par Yabiladi. Pour ce qui est du choix du nom du héros, Ahmed Taroundant, l’auteur explique qu’un ami marocain lui a parlé à maintes reprises des beautés des villes du sud du Maroc et notamment de Taroudant. C’est ce qu’il lui a donné envie d’appeler son héros d’après la ville marocaine.
Micmac religieux réussi
En librairie depuis le 15 mars dernier, Arab Jazz n’est pas passé inaperçu dans la presse française. L’Express, le Point, les Echos, les Inrocks ou RFI sont là quelques-uns des médias qui ont émis des critiques positives sur le livre et qui invitent le lecteur à le découvrir sans plus attendre. Il faut dire que l’histoire est hors du commun et est vraiment d’actualité.
L’intrigue se passe dans un quartier cosmopolite du 19èmearrondissement de Paris où toutes les religions se croisent et où les extrémistes et fous de Dieu se côtoient au quotidien. Mais un jour, la quiétude du quartier est rompue avec le meurtre de Laura. Cette jeune hôtesse de l’air française et fille de témoins de Jéhovah est retrouvée morte dans son appartement, le corps mutilé et maculé de sang de porc. La jeune femme est une amie d’Ahmed Taroundant et c’est ce dernier qui découvre son corps pendu sur son balcon. Effrayé au départ que l’on puisse l’accuser de ce meurtre parce qu’il est Arabe et musulman, Ahmed va très vite passer du suspect principal à l’enquêteur. Il va participer aux investigations dirigées par une policière de confession juive et un enquêteur breton communiste.
Portrait d’une société qui sait cohabiter
Le polar va plonger le trio de choc dans les coulisses noirs du 19ème arrondissement où il devra enquêter sur des réseaux de drogue et aller sur la piste de fondamentalistes religieux qui ne sont pas forcément, les fondamentalistes musulmans comme le décrivent au quotidien les médias français.
A en croire l'enthousiasme des critiques, Arab Jazz est bien parti pour devenir un best-seller dans les prochaines semaines. D’après Karim Miské, si son roman policier est tant apprécié par les critiques littéraires, c’est parce qu’il dépeint la société française telle qu’elle l’est vraiment. « Ce polar est une manière d’en finir avec les débats stériles et les discours stigmatisants que l’on a pu entendre ces dernières années. La réalité que je décris dans ce livre est celle des gens qui travaillent, se côtoient au quotidien et qui sont de différentes confessions mais qui néanmoins partagent une histoire commune qui est celle du passé colonial de la France. Dans le polar, il y a des méchants et des gentils de tous les côtés et dans toutes les religions. », conclut Karim Miské.
7/5/2012, Hanane Jazouani
Source : Yabiladi