Quelque 450 enfants, en majorité Marocains et Roumains nés en Italie, se sont vus conférer la citoyenneté honoraire italienne lors d'une cérémonie organisée, dimanche, dans la ville de Nichelino (nord-ouest) à laquelle était représenté le consulat du Maroc à Turin.
Cette cérémonie a été marquée par la remise par le Maire de la ville, M. Giuseppe Catizone, et l'assesseur aux services démographiques, Mme Carmen Bonino, des attestations de citoyenneté ainsi que de copies de la constitution italienne à ces enfants issus de l'immigration.
Par cette initiative, l'administration communale de Nichelino entend envoyer un message fort aux institutions nationales sur la nécessité de la réforme de certaines lois afin de faciliter l'accès à la nationalité italienne aux ressortissants étrangers, nés sur le territoire italien, et de permettre ainsi leur intégration dans le tissu politique, économique et social, a-t-on indiqué de source consulaire.
Fin février dernier, le ministre italien de l'intégration et de la coopération, Andrea Riccardi, avait souligné la nécessité de faciliter l'accès à la citoyenneté italienne pour "ceux qui sont nés en Italie" de parents étrangers.
"Nous avons la responsabilité de mettre en condition ceux qui sont nés en Italie d'être des citoyens italiens", avait affirmé le ministre en expliquant que "le problème de la citoyenneté est une responsabilité du Parlement".
Auparavant, lors d'une conférence tenue, fin janvier, à Rome sous le thème: "L'immigration et l'intégration : un défi à relever pour l'Europe", Riccardi avait estimé nécessaire d'aborder la question de l'immigration selon une nouvelle approche.
Tout en faisant respecter la loi, il est surtout nécessaire de "sortir culturellement et politiquement de la phase de l'urgence", avait-il insisté.
"Nous sommes conscients que le moment est difficile et que la crise pose de nouveaux problèmes, mais penser aux immigrés c'est penser aussi en quelque sorte aux Italiens", avait fait remarquer le ministre au cours de cette conférence.
Le président de la chambre des députés, Gianfranco Fini, avait plaidé, dans ce même cadre, pour l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés en Italie de parents immigrés.
"Celui qui est né en Italie, y a accompli un cycle d'études, devrait pouvoir devenir citoyen italien bien avant d'avoir atteint l'âge de 18 ans", avait soutenu Fini.
Le responsable italien avait insisté, à cet égard, sur la nécessité d'adapter la législation italienne en la matière aux "nouvelles dynamiques sociales", considérant qu'il est de "première importance" de réserver une attention particulière aux jeunes immigrés nés en Italie.
Pour Fini, l'objectif recherché est que la "condition juridique" du jeune immigré "corresponde au sentiment nourri par son cÂœur" et qu'il "ne passe pas les années décisives pour sa formation humaine et civile dans la condition d'un étranger, ou parfois, d'un marginal et de quelqu'un de différent".
Selon lui, "le passage de l'immigration à l'intégration est décisif pour l'avenir de l'Europe, aujourd'hui plus encore que la crise économique et financière est en train de mettre en péril la confiance et la cohésion sociale du Continent".
La question de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés en Italie de parents étrangers suscite un large débat dans la Péninsule depuis novembre dernier après que le président Giorgio Napolitano ait insisté sur "la nécessité de faciliter l'intégration" de cette population sur la base du "respect mutuel" et de la "reconnaissance de ses droits".
Plusieurs voix se sont élevées depuis au sein de la classe politique italienne pour exprimer leur appui à cette orientation alors que des formations d'extrême droite et le parti populiste et anti-immigrés, la Ligue du Nord, s'y sont farouchement opposés.
Selon de récentes statistiques, le nombre d'enfants issus de l'immigration nés en Italie s'élève à un demi-million alors que ceux qui fréquentent les écoles se chiffrent à 700 mille.
L'Italie, dont la population atteint à peu près 60 millions d'habitants, compte plus de cinq millions d'étrangers dont quelque 550 mille Marocains.
07 mai 2012
Source : MAP