La Conférence sur les Droits des migrants : Femmes migrantes et travailleurs domestiques, qui se tient dans la capitale kenyane avec la participation du Maroc, a le mérite de montrer que la dimension des droits humains dans les migrations contemporaines bénéficie de plus de considération de la part des principaux acteurs, notamment les décideurs politiques, les chercheurs et les militants des ONG, ont déclaré des participants à la MAP.
Initiée dans le cadre du Partenariat Afrique-Union européenne Migration, Mobilité, Emploi (MME), cette rencontre en tant que cadre de discussion des politiques des Etats membres offre l'occasion de réfléchir aux réponses politiques et aux meilleures pratiques de protection des droits des migrants.
C'est que les cadres de discussion, de dialogues et d'échange d'expériences ne peuvent que renforcer le soutien à la protection des droits des migrants dans l'élaboration des politiques de migration.
Dans cette optique et pour assurer une meilleure protection des femmes migrantes, les analystes relèvent un nombre de domaines importants où les législation sur le travail et la protection sociale pourraient être améliorées aussi bien dans les pays de destination que dans ceux d'origine.
Des suggestions ont été faites à ce sujet, afin d'améliorer le sort des femmes migrantes, telles que l'introduction de la protection légale et sociale pour les travailleurs domestiques et la libéralisation des règles d'entrée et de sortie des migrants, dans le cadre de la migration pour travail temporaire.
Pour de nombreux participants, la question de la migration des femmes mérite une analyse approfondie et des réponses politiques adaptées à la complexité du phénomène et des questions spécifiques soulevées. Pour preuve, notent-ils, plusieurs violations des droits des migrants sont, en effet, signalées par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains des migrants.
Ces violations sont perpétrées partout dans le monde et portent sur la criminalisation de la migration illégale, l'expulsion, la déportation, la traite humaine, la privation de liberté et le non accès aux soins de santé.
Une attention particulière devra donc être accordée aux femmes migrantes et aux travailleurs domestiques, car leur nombre va crescendo. En 2010, les estimations ont montré que 46,8 pour cent des 19,2 millions de migrants internationaux en Afrique étaient des femmes.
Engagées dans les services domestiques, les travailleuses migrantes restent le groupe le plus vulnérable parmi les travailleurs migrants et sont victimes de discrimination et d'abus sexuels et physiques commis par des agents et des accompagnateurs durant leur transit, soulignent des intervenants.
Ils font observer que dans les pays hôtes, beaucoup de femmes migrantes occupent des emplois relativement peu spécialisés dans les industries manufacturières, les travaux domestiques ou les secteurs des loisirs et souvent sans statut légal avec un accès limité aux services de santé.
Ces femmes et ces filles n'ont pas souvent connaissance de leurs droits, ce qui augmente ainsi leur vulnérabilité du fait de l'absence de mécanismes juridiques nationaux qui reconnaissent et protègent leurs droits , déplorent-ils.
Toutefois, les analystes reconnaissent qu'en réponse aux nombreuses allégations, les gouvernements ont déployé des efforts considérables pour une meilleure protection des droits des migrants, car étant convaincus que la majorité de la population migrante a été obligée de quitter le foyer natal du fait des conditions politiques, économiques et sociales difficiles. C'est dire que les droits des migrants restent toujours une préoccupation et un sujet de débat pour la communauté internationale.
C'est dire aussi que la rencontre de Nairobi a permis de renforcer la coopération entre l'Afrique et l'UE pour la protection des droits légaux, économiques, sociaux et culturels des femmes migrantes et du travail décent des travailleurs domestiques, en vue de l'autonomisation de leur contribution au développement dans le cadre du Partenariat MME.
La Conférence a entamé ses travaux, jeudi à Nairobi, avec la participation du Maroc qui y est représenté par M. Mohammed Baallal, responsable de la Coopération au Ministère de l'Emploi.
Elle réunit des représentants de l'Union africaine, l'Union européenne, des Communautés Economiques Régionales Africaines (CER) et des ONG et Organisations Internationales qui plaident pour les droits des migrants, ainsi que certains acteurs privés.
Deux jours durant, les participants ont eu un regard plus profond sur les droits des migrants, le cadre juridique et institutionnel régional et international, l'autonomisation économique des femmes migrantes et des travailleurs domestiques et les meilleures pratiques et les leçons apprises en Afrique et en Europe.
11/5/2012, Hamid Aqerrout
Source : MAP