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Immigration Un faible impact sur le marché du travail

Il est important de préciser les méthodologies utilisées pour mesurer les effets de l'immigration sur le marché du travail des pays d'accueil. D'abord il faut décomposer la structure par qualification des immigrés, en plus de la structure par âge pour comprendre leur impact sur les finances publiques. Ensuite il faut vérifier si les immigrés sont en concurrence ou en complémentarité sur les emplois qu'ils occupent par rapport aux autochtones. Enfin, l'immigration affecte aussi la consommation, la productivité... qui à leur tour affectent l'emploi et les salaires sur le marché du travail.

Plusieurs méthodes sont utilisées. On peut d'abord estimer l'effet sur le salaire (ou/et sur l'emploi) de la présence d'immigrés sur des marchés locaux du travail (ville, bassin d'emploi, région...) bien sûr en tenant compte des caractéristiques des travailleurs comme le niveau d'éducation, l'expérience, l'âge... Que ce soit aux Etats- Unis ou en Europe, les résultats de ces travaux concluent que l'effet négatif de l'immigration sur les salaires des natifs est extrêmement faible.

L'effet est encore plus faible en Europe qu'aux Etats-Unis. Bien sûr, cette méthode peut comporter des biais : on peut supposer que les immigrés se localisent plutôt dans les régions où les salaires sont les plus élevés (en Ile-de-France, par exemple). Certaines études recourent à des « expériences naturelles » : on place de manière plus ou moins indépendante de leurs choix les migrants et on observe ce qui se passe lors d'afflux massifs de migrants. Résultats : là aussi les effets sont marginaux sur les salaires ou l'emploi.

Une autre précaution à prendre pour ne pas sous-estimer ces effets est de corriger la possibilité que des travailleurs partent de la région où arrivent les migrants vers d'autres régions (migrations internes), ce qui pourrait compenser l'effet des immigrants nouvellement arrivés. Des études récentes utilisant cette méthode aboutissent avec cette même approche de « proportion de facteurs » a un impact modéré et positif sur le salaire des natifs aux Etats-Unis.

Ce résultat a été confirmé pour un panel plus large de pays de l'OCDE et pour la France par Javier Ortega et Gregory Verdugo, de la Banque de France, en 2011. Dans ce dernier travail, une augmentation de l'immigration de 10 % accroît le salaire des natifs de 3 %. Au total, la très grande majorité des travaux conclut à un effet relativement modéré, plutôt négatif dans les travaux plus anciens et plutôt positif dans les travaux récents.

Un autre résultat obtenu est que les immigrants ont en revanche un impact sur les rémunérations de ceux avec lesquels ils sont directement en concurrence, les travailleurs souvent issus d'une vague antérieure d'immigration.

14.05.2012

Source : : LE MONDE

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