dimanche 24 novembre 2024 06:24

La communauté musulmane d'Autriche fêtera cet été le centenaire de la reconnaissance de l'Islam

Cet été, la communauté musulmane d'Autriche fêtera le centenaire de la loi du 15 juillet 1912 qui a fait de l'Islam, à l'instar du Catholicisme, du Protestantisme et du Judaïsme, une religion d'Etat.

Ce fait, unique en Europe a une histoire, un contexte socio-politique et des spécificités.

En 1908, l'Empire Austro-hongrois annexe la Bosnie Herzégovine qu'il occupait depuis 1878. Cette annexion apporte à la communauté nationale Austro-hongroise, depuis longtemps familiarisée avec la diversité par les nombreuses nations qui la composent, les langues qui y sont parlées et les religions que l'on y pratique, une forte communauté musulmane dont la loi du 15 juillet reconnait à la fois les spécificités mais aussi son appartenance pleine et entière à l'Empire.

Aujourd'hui, dans le paysage national d'une Autriche ayant perdu avec la première guerre mondiale, sa monarchie et son empire, l'Islam est la seconde religion du pays (6 pc), loin derrière le Catholicisme (près de 90 pc), mais avant le protestantisme (5 pc) et le Judaïsme, peu représenté puisqu'il ne compte au total que huit à douze mille âmes, 65.000 ayant disparu du fait du nazisme et 120.000 s'étant exilés depuis 1945.

L'essentiel des Musulmans d'Autriche, en dehors des reliquats de l'empire et des quelques Autrichiens convertis, est issu de l'immigration récente. La majorité des immigrés musulmans ou des musulmans d'origine étrangère vient de Turquie et constitue la plus forte communauté étrangère vivant en Autriche toutes origines et religions confondues. On trouve également beaucoup d'Egyptiens qui arrivent en tête des ressortissants arabes, suivis des Tunisiens et des Algériens. Les Marocains quant à eux, sont entre 1.500 et 2.000 ressortissants.

La loi de 1912, soucieuse de la cohésion nationale, invoque pour les communautés religieuses nouvellement admises l'assujettissement aux lois générales de l'Etat. Celui-ci reconnait aux différentes communautés religieuses composant la nation le droit de vivre en harmonie tant avec leurs convictions qu'avec la société nationale. Il leur reconnait aussi celui de dispenser une éducation religieuse aux enfants qui en sont issus. L'Etat prend en charge les émoluments des maîtres des enseignements religieux dont les cours sont intégrés dans les programmes scolaires publics et privés.

Par ailleurs, un citoyen musulman peut faire des dons financiers à la mosquée et, dans certaines limites prévues par la loi, déduire ces dons de ses impôts.

A fait unique, conception unique

La conception de la religion en Autriche envisage la foi de chacun comme une conviction propre qui participe à la coexistence pacifique des différentes communautés religieuses et culturelles qui composent la mosaïque nationale et "contribue à la prospérité générale du pays."

Notons également que Vienne, comme d'autres grandes villes du pays contient de nombreuses écoles privées musulmanes et que la grande mosquée de la ville, construite en 1978 grâce à une importante contribution financière saoudienne, est classée parmi les 70 plus belles mosquées du monde.

L'histoire de l'Islam en Autriche retiendra le nom de Leopold Weiss, dit Mohamed Asad, le plus illustre des Musulmans du pays.

Né en 1900, descendant d'une longue et grande lignée rabbinique, Leopold Weiss était un homme politique et un journaliste autrichien, longtemps correspondant du Frankfurter Zeitung au Moyen Orient qu'il visite dès l'âge de 22 ans (Syrie, Irak, Iran, Palestine etc...). C'est grâce à des discussions avec des intellectuels des pays visités que Leopold Weiss découvre l'Islam et se convertit, traduit le Coran en Allemand et devient en quelques années l'un des érudits de l'Islam les plus connus de son époque.

17 mai 2012

Source : MAP

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