Des ONG catalanes, regroupées au sein du Réseau "citoyenneté et immigration" ont exprimé, mercredi, leur rejet catégorique de la décision de Madrid visant à priver les étrangers en situation illégale des soins de santé.
Le Congrès des députés espagnol a approuvé, la semaine dernière, un décret-loi privant les sans-papiers de la couverture médicale dont ils bénéficiaient gratuitement, à l'instar des immigrés en situation légale.
Le décret du gouvernement central "porte atteinte aux droits fondamentaux des immigrés en situation administrative irrégulière et de ceux devenus clandestins à cause de la crise économique", estiment les ONG catalanes dans un manifeste portant également la signature de plusieurs municipalités et organisations syndicales et patronales de cette communauté autonome du nord-est de l'Espagne.
"Nous considérons que les programmes de prévention en matière de santé ne peuvent aboutir si une partie importante de la société n'a pas droit d'accès aux services publics", ont indiqué les signataires du manifeste publié à Barcelone, saluant au passage la décision du gouvernement autonome de Catalogne de mettre en place un "mécanisme administratif" en vue de permettre aux sans-papiers de continuer à bénéficier gratuitement des soins médicaux.
En vertu de l'article 23 du statut d'autonomie de la Catalogne, "toutes les personnes ont le droit d'accéder, dans des conditions d'égalité et de gratuité, aux services sanitaires de responsabilité publique", a rappelé le manifeste, appelant l'exécutif régional à introduire un recours contre cette loi auprès du Tribunal constitutionnel de Madrid.
Les signataires du Manifeste ont également réaffirmé leur adhésion à la Loi catalane sur l'accueil des étrangers qui, selon eux, préconise le "principe d'égalité de traitement entre toutes les personnes inscrites auprès des municipalités en Catalogne pour accéder aux services publics".
La Catalogne "a la ferme volonté de faire en sorte que les immigrés qui n'auront plus droit à la Carte sanitaire, puissent bénéficier des soins médicaux qui leur ont été prodigués jusqu'à présent", a déclaré récemment le conseiller catalan de la Santé, Boi Ruiz.
"Nous devons trouver un mécanisme administratif, alternatif à la Carte sanitaire", a souligné le responsable catalan.
Selon les médias espagnols, plus d'un demi-million de sans-papiers se verraient privés de la Carte sanitaire à laquelle tous les immigrés, justifiant d'un certificat de résidence municipale, pouvaient prétendre. En vertu de cet amendement, l'accès aux soins de cette catégorie d'étrangers, hors pays de l'Union européenne, sera limitée aux seuls cas d'urgence médicale (accident), d'accouchement et de suivi des enfants en bas âge.
Les familles des immigrés, légalement établis en Espagne, n'ayant pas encore obtenu leurs permis de résidence, devront se contenter elles aussi de ce service minimum.
23 mai 2012
Source : MAP