L’opposition municipale niçoise s’est émue vendredi de l’arrêté pris par le maire UMP de la ville Christian Estrosi qui vise à réprimer tout débordement autour des cérémonies de mariage, estimant cette mesure électoraliste et discriminatoire vis-à-vis de certaines communautés.
Christian Estrosi a annoncé jeudi que les noces à l’hôtel de ville devraient désormais se dérouler sans cris, ni sifflets, ni «drapeaux notamment étrangers», ni groupe de musique «folklorique» non autorisé, sous peine de voir la cérémonie repoussée de 24 heures.
L'édile estime que ces comportements sont «de nature à troubler (...) la tranquillité (des riverains) et la solennité de l’instant».
Pour Paul Cuturello, conseiller municipal PS, de telles mesures sont «destinées à stigmatiser les (personnes originaires des) pays du Maghreb». Pour ce candidat aux législatives dans la 5e circonscription des Alpes-Maritimes (celle que brigue à nouveau M. Estrosi), il s’agit «d’une nouvelle manoeuvre électoraliste pitoyable destinée à l'électorat du FN».
«Avec cet arrêté, M. Estrosi abîme l’image et la réputation de Nice sur le plan international», ajoute l'élu PS.
Pour Abderrazak Fetnan, conseiller municipal PS, ces mesures sont «des bombes sales qui préparent les élections. Il a fait exactement la même chose en direction des épiciers de nuit (pour beaucoup issus de la communauté maghrébine, NDLR) au moment des régionales» de mars 2010, a-t-il dit faisant allusion à un arrêté pris entre les deux tours de ces élections restreignant les heures d’ouverture de leurs commerce, officiellement pour empêcher la vente tardive d’alcool.
La majorité municipale, est «clairement en train de communautariser la ville», a déploré l'élu socialiste.
Le maire de Nice se montre très actif en matière de répression sur la voie publique, et pas seulement en terme de circulation automobile, avec notamment la vidéoverbalisation pour lutter contre les doubles files.
Après avoir pris en août 2011 un arrêté réglementant l’activité des artistes de rue et un autre en avril dernier pour interdire la consommation d’alcool sur les plages, dans les rues et les parcs du centre-ville, Christian Estrosi a annoncé vendredi la mise en place d’une «brigade anti-mendicité agressive». Constituée de 16 personnes, elle combine volets social (assistantes sociales, inspecteurs de l’hygiène) et répressif (policiers municipaux) dans un souci, a-t-il dit, de «meilleure efficacité».
Un arrêté municipal en date du 2 avril prohibait déjà la mendicité agressive en centre-ville, sur le port et la Promenade des Anglais notamment.
Depuis le début de l’année, au moins 189 mendiants, 44 personnes alcoolisées sur la voie publique et 36 artistes de rue ont été verbalisés, selon des chiffres fournis par la mairie.
25 mai 2012
Source : Libération/AFP