«Je suis venu juste après le bac en France, où j’ai intégré une classe prépa, puis fait HEC. L’an dernier, j’ai décidé de rentrer au Maroc, en raison notamment des complications créées par la circulaire Guéant. J’y ai monté ma propre boîte dans le Web. J’ai alors cessé mon activité de porte-parole du Collectif du 31 mai, mais j’ai gardé le contact. Je continue de répondre aux gens via les réseaux sociaux sur les possibilités d’étudier en France. J’y suis rentré cette semaine pour aider le...
collectif. Car c’est un moment très fort pour tous ceux qui ont lutté contre cette circulaire.
«Nous ne sommes pas surpris par la décision d’abroger cette circulaire. C’était une promesse de François Hollande. Mais nous sommes heureux qu’elle ait été tenue. Nous sommes aussi optimistes de voir aujourd’hui trois ministres [de l’Intérieur, du Travail et de l’Enseignement supérieur, ndlr] déterminés à en finir avec cette affaire et à ouvrir un débat sur les étudiants étrangers. Quand on se souvient des relations avec le précédent gouvernement… On n’est jamais parvenus à débattre.
«L’abrogation, c’est très bien. Mais quid de tous les diplômés étrangers qui ont déposé l’an dernier une demande pour passer du statut d’étudiant à celui de salarié et qui se débattent dans des difficultés administratives, dans l’attente d’une réponse, ou qui sont carrément clandestins ? On estime leur nombre total à 325. Il faut que leurs dossiers soient examinés au plus vite. Car, dans deux mois, il va y avoir une vague de demandes avec les nouveaux diplômés, et les préfectures risquent de se trouver engorgées.
«Cela va vous surprendre, mais la circulaire Guéant a eu au moins un mérite : elle a révélé le manque de transparence et de cohérence du processus. L’abrogation acquise, le collectif doit s’occuper de prévenir les problèmes. Je m’explique. Parmi les motifs les plus fréquents de refus de titre salarié, il y a "l’inadéquation du diplôme au poste pourvu" ou le "taux de tension du métier" [le chômage]. Mais il n’y a aucune définition claire.
Il faut en établir. La circulaire avait terni l’image de la France. Son abrogation va la rehausser. Car si les mauvaises nouvelles se répandent très vite sur la Toile, les bonnes aussi.»
30/5/2012
Source : Libération