Le président de la Chambre des députés italienne, Gianfranco Fini, a plaidé, une nouvelle fois, mercredi, pour la modification de la loi sur la citoyenneté en vigueur depuis 20 ans afin de "combler le retard culturel et politique" qui existe en la matière.
La modification de cette loi n'est pas une question de droite ou de gauche, mais tient à la dignité de la personne humaine et aux valeurs universelles qui ne peuvent être l'objet de propagande au quotidien à des fins électoralistes, a soutenu Fini lors d'une conférence tenue au siège de la chambre sous le thème "l'Italie, c'est également moi".
"Ce serait aller à l'encontre de l'histoire que de soutenir qu'on ne peut être Italien qu'en raison du nom ou de la couleur de la peau", a-t-il insisté, en considérant que la modification de cette loi constitue "un défi inéluctable" et "une nécessité objective".
Le responsable italien s'est déclaré convaincu de l'impératif de "combler le retard culturel et politique" qui existe en la matière après deux décennies au cours desquelles le phénomène de l'immigration a investi "divers contours".
Fini a mis en garde, au cas où ladite loi n'est pas modifiée, contre le risque que "rien ne soit fait pour éviter des phénomènes de discrimination", soulignant que "l'immigration, fait structurel dans la société italienne, doit être vécue, non seulement à travers l'évaluation de ses aspects négatifs, mais aussi comme une ressource, une opportunité".
"Après la faillite d'autres expériences ( ) il serait beau si, pour une fois, l'Italie pouvait constituer un modèle et indiquer une voie qui ne calquera pas celles qui ont démontré leurs limites, comme le multiculturalisme."
Le président de la Chambre des députés avait, à maintes reprises, plaidé pour l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés en Italie de parents immigrés.
"Celui qui est né en Italie, y a accompli un cycle d'études, devrait pouvoir devenir citoyen italien bien avant d'avoir atteint l'âge de 18 ans", avait notamment soutenu Fini, lors d'une conférence sur l'immigration organisée, fin janvier dernier, au siège de la Chambre.
Le responsable italien avait insisté, à cet égard, sur la nécessité d'adapter la législation italienne en la matière aux "nouvelles dynamiques sociales", estimant qu'il est de "première importance" d'accorder une attention particulière aux jeunes immigrés en permettant à ceux d'entre eux nés en Italie d'accéder à la citoyenneté italienne bien avant leurs 18 ans.
Pour Fini, l'objectif escompté est que la "condition juridique" du jeune immigré "corresponde au sentiment nourri par son cœur" et qu'il "ne passe pas les années décisives pour sa formation humaine et civile dans la condition d'un étranger, ou parfois, d'un marginal et de quelqu'un de différent".
Selon lui, "le passage de l'immigration à l'intégration est décisif pour l'avenir de l'Europe, aujourd'hui plus encore que la crise économique et financière est en train de mettre en péril la confiance et la cohésion sociale du continent".
La question de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés en Italie de parents étrangers suscite un large débat dans la Péninsule depuis novembre dernier après que le président Giorgio Napolitano ait insisté sur "la nécessité de faciliter l'intégration" de cette population sur la base du "respect mutuel" et de la "reconnaissance de ses droits".
Plusieurs voix se sont élevées depuis au sein de la classe politique italienne pour exprimer leur appui à cette orientation alors que des formations d'extrême droite et le parti populiste et anti-immigrés, la Ligue du Nord, s'y sont farouchement opposés.
Selon de récentes statistiques, le nombre d'enfants issus de l'immigration nés en Italie s'élève à un demi-million, alors que ceux qui fréquentent les écoles se chiffrent à 700 mille.
L'Italie, dont la population est estimée à environ 60 millions d'habitants, compte plus de cinq millions d'étrangers, dont quelque 550 mille Marocains.
06 juin 2012
Source : MAP