Les participants au 2e panel sur les "flux migratoires dans le contexte de la crise économique" organisé, jeudi à Rabat, par l'Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) et l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) au Maroc, ont appelé de leur vÂœu à concevoir l'immigration en tant qu'atout devant favoriser le rapprochement entre le Maroc et l'Espagne.
M. Abdesalam Fettouh, directeur du pôle promotion économique à la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'Etranger, a mis en lumière la contribution des immigrés marocains à la croissance économique de l'Espagne, au financement du système de sécurité sociale et à la promotion de la consommation intérieure, de la production et des investissements.
Il a souligné, dans ce cadre, la rapidité du flux migratoire des Marocains vers l'Espagne, dont le nombre a été multiplié par 50 en 20 ans, en passant de 16.615 immigrés en 1990 à 835.182 en 2011.
Après avoir mis en avant l'impact de la crise économique espagnole sur la communauté marocaine établie en Espagne, M. Fettouh a préconisé des solutions pour remédier à cette situation, en particulier la redéfinition des choix de croissance économique et la promotion des valeurs humaines et des droits de l'Homme, à travers la réalisation de plus d'harmonie entre les décisions d'immigration, selon une stratégie à long terme avec des choix claires.
M. El Fettouh a aussi recommandé à faire prévaloir l'esprit de partenariat et de dialogue avec l'Espagne, deuxième partenaire économique du Maroc après la France, en matière d'emploi et des échanges commerciaux, en vue de faire du Détroit un canal d'union et non de désunion.
"Le futur de l'Espagne réside dans le Sud", a-t-il soutenu, en tirant la sonnette d'alarme sur le coût élevé du système de contrôle des frontières qui a atteint 232 millions d'euros en 2000, et dont les frais de maintenance avoisinent 12,5 millions d'euros annuellement.
Pour sa part, M. El Hassan Belarbi Haftallaoui, professeur universitaire, président de la FAM à Almeria, a relevé le retour silencieux d'immigrés marocains au pays, sous l'effet de la crise économique.
Il a préconisé, par ailleurs, de favoriser l'intégration des Marocains avec l'aide des autochtones, appelés à déployer des efforts soutenus dans ce sens.
Mme Concepcion Anguita, professeur à l'université Complutense de Madrid, experte en relations internationales a donné un aperçu sur l'historique de l'immigration en Espagne, en tant que pays à la fois d'accueil et de transit des immigrés.
Elle a souligné l'importance de la politique d'intégration adoptée, quoique tardivement, par l'Espagne en vue de réaliser la stabilité politique et contribuer à réduire l'impact de désespérance sociale.
Mohammed Charef, enseignant chercheur, a appelé, quant à lui, à recentrer et à concevoir la question de l'immigration Maroc-Espagne dans son contexte global, en relation avec les flux migratoires de par le monde, en ajoutant que "les immigrés sont les plus vulnérables en période de crise .
Les frontières ont perdu leurs notions sous l'effet de globalisation de la crise , a dit M. Charef.
Les participants ont apporté ainsi des approches de l'immigration qui constitue un volet incontournable dans toutes les négociations entre le Maroc et l'Espagne et qui pèse, d'une manière stratégique, sur le présent et l'avenir des relations entre les deux pays, condamnés à travailler la main dans la main pour faire face aux menaces d'une crise économique galopante.
14 juin 2012
Source : MAP