Experts et universitaires espagnols et marocains ont porté chacun une lecture autant concordante et rapprochée que différenciée et opposée du phénomène de l'immigration qui constitue une inquiétude aussi bien pour le Nord que pour le Sud.
Réunis autour d'un panel "Maroc-Espagne / immigration : regards croisés", organisé par l'Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) et l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) au Maroc, les participants ont apporté chacun une approche de l'immigration qui constitue un volet incontournable dans toutes les négociations entre le Maroc et l'Espagne et qui pèse, d'une manière stratégique, sur le présent et l'avenir des relations entre les deux pays, condamnés à travailler la main dans la main pour faire face aux menaces d'une crise économique galopante.
La secrétaire générale de l'emploi et de la sécurité sociale à l'ambassade d'Espagne au Maroc, Mme Amapola Blasco, a axé son intervention sur l'adaptation de la politique d'intégration avec la nouvelle donne maquée par la crise économique qui touche de plein fouet l'Espagne, en soulignant que Madrid a du réviser son agenda des priorités en matière de politiques publiques et de prestations de services sociaux en faveur de la communauté étrangère pour les adapter aux exigences de la conjoncture actuelle.
La crise économique et financière qui a surtout affecté les secteurs clés de l'emploi et de l'éducation a poussé les autorités publiques à revoir et à redéfinir leur politique d'intégration , a-t-elle dit.
L'Espagne fait face ainsi au double défi consistant à concilier les exigences de la crise économique et à garantir à la communauté étrangère l'accès aux services sociaux de base, selon une nouvelle approche.
M. Mohamed Chaib, ex-député au parlement catalan, a surtout appelé à tenir un discours optimiste dans le traitement des relations entre les deux rives de la Méditerranée, en soulignant que l'Espagne et le Maroc entretiennent une interrelation de croissance.
On ne peut imaginer la croissance de l'Espagne en dehors du Maroc. Le futur est entre nos mains , a-t-il soutenu.
M. Chaib a, par ailleurs, appelé les deux parties à trouver une solution au problème des étudiants marocains en Espagne qui doivent payer, durant la prochaine rentrée scolaire, 16 fois le prix d'inscription que leurs semblables autochtones.
M. Mohamed Dahiri, docteur-enseignant à la chaire de l'Unesco de résolution des conflits à l'Université de Cordoba a, quant à lui, focalisé son intervention sur des données statistiques fournis par différents organismes, en avançant que les flux migratoires ont contribué de 4 pc à la croissance économique de l'Espagne durant la période 1995-2006 et de 50 pc à l'augmentation du PIB entre 2001 et 2006 (contre 30 pc durant la période 1995-2001).
Pour ce qui est des Marocains établis en Espagne, ils ont réussi à créer plus de 247.000 entreprises, pour la plupart des PME-PMI, a-t-il tenu à rappeler.
Passé et histoire partagés , l'immigration un atout de rapprochement et non un fardeau sont autant de facteurs qui militent pour un rapprochement entre les des deux pays voisins, qui ont le futur entre leurs mains , s'accordent à recommander l'ensemble des intervenants.
Le rapprochement culturel et médiatique entre Rabat et Madrid, un levier pour la promotion des relations maroco-espagnoles (ministre)
Rabat, 14 juin 2012 (MAP)- Le rapprochement culturel et médiatique entre le Maroc et l'Espagne est un levier pour la promotion des relations entre les deux Royaumes", a souligné, jeudi à Rabat, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, M. Mustapha El Khalfi.
Ce type d'ouverture entre les deux pays consolide les rapprochements politique et économique qui se sont renforcés durant ces deux dernières années et qui ont été concrétisés par la position espagnole à l'égard de la question du Sahara, a indiqué M. El Khalfi, qui s'exprimait à l'ouverture d'un séminaire sur "Maroc-Espagne/ immigration : regards croisés", organisé par l'Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) et l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) au Maroc.
Cette rencontre, a-t-il relevé, "s'inscrit dans le cadre de ce rapprochement et vise à créer des opportunités de communication et d'échange entre les deux parties", soulignant qu'ainsi "Le Maroc et l'Espagne expriment leur volonté de faire face aux mutations politiques et économiques que connaît le monde".
Evoquant les relations économiques entre les deux pays, le ministre a relevé la forte présence des émigrés marocains légaux en Espagne, qui effectuent d'importants transferts au Maroc, rappelant, par ailleurs, qu'un millier d'entreprises espagnoles sont présentes au Maroc dont le volume des importations de l'Espagne a atteint, l'année dernière, 40 MMDH.
La politique de rapprochement adoptée par le Maroc "reflète sa volonté de s'ouvrir sur son voisin européen avec toutes ses composantes", a fait observer le ministre.
Pour sa part, le directeur général de la MAP, Khalil Hachimi Idrissi, a souligné l'importance de ce séminaire qui s'inscrit dans le cadre d'un programme de coopération mutuelle entre l'agence et l'AECID.
M. Hachimi Idrissi a en outre mis en relief l'intérêt de cette thématique transversale qui permet de s'interroger sur les problématiques des populations immigrés, estimant que "nos intérêts sont croisés aussi bien que nos regards".
Dans le domaine économique, "les choses peuvent s'améliorer et aller plus loin entre le Maroc et l'Espagne", a-t-il ajouté, appelant à exploiter davantage le facteur de la proximité et d'en faire "un atout et pas une problématique".
Le directeur général de la MAP a également mis l'accent sur la "nécessité du dialogue et de la concertation pour réduire les ruptures politiques", invitant à faire des efforts pour "améliorer la perception de l'image des uns et des autres".
"Il faut en finir avec certains tabous et caricatures et privilégier l'image d'un partenaire", a poursuivi M. Hachimi Idrissi
De son côté, l'ambassadeur d'Espagne au Maroc, Alberto José Navarro a rappelé les liens historiques séculaires unissant les deux Royaumes, appelant à "regarder l'avenir avec optimisme et sagesse".
Il a, dans ce sens, insisté sur le fait de tirer profit de cette histoire commune et de la position géostratégique des deux pays pour consolider davantage les relations de coopération bilatérale.
Le diplomate espagnol a appelé les journalistes et les médias des deux pays à jouer pleinement leur rôle, de transmettre "une image réelle et positive" de ce qui se passe dans les deux rives.
Evoquant la question de l'émigration, il a relevé l'accélération et la féminisation de ce phénomène international, notant avec regret l'exode des cerveaux qui constituent une hémorragie pour leurs pays d'origine.
Au niveau européen, des efforts ont été consentis en vue de réguler les flux migratoires, a-t-il noté, précisant qu'il s'agit essentiellement de faciliter la migration légale à travers l'octroi de visas biométriques, de lutter contre l'émigration clandestine, d'aider les pays de transit et d'origine et de faciliter l'intégration des émigrés dans les pays d'accueil.
Cette rencontre est organisée sous forme de panels portant sur la question de l'immigration vue des deux côtés du Détroit, les flux migratoires dans le contexte de la crise économique, la régulation des flux migratoires et l'immigration dans les médias.
14 juin 2012
Source : MAP