Des groupes attaquent régulièrement des immigrés en Grèce en toute impunité, les autorités fermant les yeux ou dissuadant les victimes de porter plainte, dénonce l'ONG Human Rights Watch (HRW) dans un rapport rendu public mardi 10 juillet.
Pour mener à bien cette enquête intitulée "La haine dans les rues : la violence xénophobe en Grèce", l'organisation de défense des droits de l'homme a interviewé 59 victimes d'incidents racistes entre août 2009 et mai 2012. Parmi ces témoignages, 51 attaques sérieuses ont été recensées, dont deux contre des femmes enceintes.
"Les migrants et les demandeurs d'asile ont parlé à Human Rights Watch de quartiers d'Athènes où ils ne vont plus à la nuit tombée car ils ont peur d'être attaqués par des groupes de Grecs souvent vêtus de noir et en quête de violence", écrit HRW dans son rapport. "Alors que les touristes sont les bienvenus, les migrants et les demandeurs d'asile affrontent un environnement hostile qui les expose à la détention dans des conditions inhumaines et dégradantes, à un risque de grand dénuement et à la violence xénophobe", poursuit-elle.
Selon l'ONG, il est difficile d'évaluer l'ampleur réelle de la violence xénophobe en Grèce dans la mesure où de nombreuses victimes ne témoignent pas et où les statistiques gouvernementales ne sont pas fiables. Les victimes ont signalé à de multiples reprises à HRW que la police les avait dissuadées de porter plainte et certaines ont même indiqué qu'on les avait prévenues qu'elles pourraient être placées en détention si elles insistaient pour qu'une enquête fût ouverte.
IMPLICATION D'AUBE DORÉE
Selon l'organisation, des preuves suggèrent que les auteurs des attaques sont membres ou proches de groupes d'autodéfense et d'Aube dorée, un parti d'extrême droite qui a fait son entrée au Parlement cette année. HRW indique qu'aucune preuve ne permet d'affirmer que les attaques violentes contre des immigrés ont été dirigées par le parti, qui refuse le qualificatif de néo-nazi, mais ajoute que des membres d'Aube dorée ont été impliqués dans des attaques spécifiques.
Aube dorée, qui a fait campagne aux législatives sur la promesse de chasser de Grèce tous les immigrés, nie toute implication dans ces agressions. L'immigration illégale en Grèce, l'une des principales portes d'entrée dans l'Union européenne pour les sans-papiers venant d'Afrique et d'Asie, est devenue un sujet brûlant alors que le pays traverse la pire crise économique de son histoire depuis la seconde guerre mondiale et traverse sa cinquième année de récession.
10.07.2012
Source : Le Monde.fr /AFP