dimanche 24 novembre 2024 09:23

Espagne: rébellion des médecins qui continueront à soigner les sans-papiers

La colère monte en Espagne face à la décision controversée du gouvernement d'éliminer l'assistance gratuite du système de santé publique aux sans-papiers, mécontentement renforcé mardi par le projet de leur proposer des assurances payantes pour accéder aux soins.
AFP - La colère monte en Espagne face à la décision controversée du gouvernement d'éliminer l'assistance gratuite du système de santé publique aux sans-papiers, mécontentement renforcé mardi par le projet de leur proposer des assurances payantes pour accéder aux soins.
"Ma loyauté envers les patients ne me permet pas de manquer à mon devoir éthique et professionnel et de commettre un abandon", lance un manifeste déjà signé sur Internet par 870 médecins de famille
En le ratifiant, ils entrent dans un mouvement d'"objecteurs de conscience" lancé en juillet par la Société espagnole de médecine de famille et communautaire (semFYC, 19.500 membres), qui rejette cette mesure devant entrer en vigueur le 1er septembre.
Engagé dans un effort de rigueur sans précédent pour tenter de réduire son déficit public à moins de 3% du PIB en 2014, le gouvernement conservateur a ainsi décidé de priver les immigrés en situation irrégulière d'accès au système gratuit de santé publique.
Pour les sans-papiers, seules les urgences pour maladie ou accident, le suivi de grossesse, accouchement et post-partum et l'assistance sanitaire aux moins de 18 ans seront encore assurés gratuitement à la rentrée.
Cette nouvelle norme "nous confronte à la situation de devoir arrêter de soigner des gens qui ont été nos patients, et cela viole le code déontologique" des médecins, affirme l'association.
Pour le gouvernement, il s'agit avant tout d'économiser "environ un milliard d'euros par an" avec cette décision, ajoutée à une mesure visant à limiter le "tourisme sanitaire" des Européens non-résidents en Espagne.
Mais comme en réponse au malaise des médecins, le ministère de la Santé a toutefois fait un pas mardi pour réintégrer les sans-papiers dans le système de santé publique... à condition de payer.
Ce dernier a ainsi indiqué être en train de travailler à la création de "conventions" payantes qui permettront notamment aux citoyens non-européens "d'être reçus dans le système public", sans donner le détail des montants envisagés.
Le ministère semblait réagir ainsi à une information du journal El Pais publiée mardi, qui chiffrait le coût de ces "conventions" pour sans-papiers à 710,40 euros par an pour les moins de 65 ans. Une somme qui bondirait jusqu'à 1.864,80 euros par an pour les plus âgés.
Du côté des associations d'immigrés, la nouvelle a provoqué une "grande surprise et inquiétude".
"Cela touche les personnes les plus vulnérables, celles qui n'ont pas de papiers", souligne Vladimir Paspuel, président de l'association hispano-équatorienne Ruminahui.
"Beaucoup n'ont pas de travail ou des emplois très précaires", souligne-t-il. "Et leur peu de revenus, ils les destinent tout simplement à survivre", explique-t-il, précisant toutefois que son association ne serait pas contre l'introduction d'une cotisation, mais moins élevée que les chiffres avancés mardi.
"Nous voulons aussi participer à l'effort pour sortir de la crise", martèle-t-il.
"Mais il faut arriver à un consensus pour que cela ne touche pas les plus faibles", ajoute-t-il, appelant au dialogue avec le gouvernement et les 17 régions, qui sont en Espagne chargées du budget de la santé.
Parmi les rares régions n'étant pas gouvernées par le Parti populaire, au pouvoir à Madrid, l'Andalousie, les Asturies, la Catalogne et le Pays basque ont déjà annoncé qu'elles maintiendraient les soins gratuits pour les sans-papiers.
Et le gouvernement socialiste basque a rappelé mardi son opposition à un système de santé "basé sur les coupes et les restrictions".
"Ce que doivent faire les immigrés illégaux c'est entrer en Espagne légalement", a réagi mardi le porte-parole adjoint du Parti populaire au Congrès des députés, Rafael Hernando, interpellé par les médias sur la polémique créée par l'annonce d'une assurance payante.
L'Espagne "ne doit plus être le paradis de l'immigration illégale", a-t-il ponctué.
7/8/2012
Source : France 24/AFP

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