jeudi 4 juillet 2024 14:21

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Les Marocains du monde au centre des débats du séminaire: Mutations, défis et perspectives

«L’immigration, c’est une question nationale qui nous concerne dans un monde globalisé ». Cette phrase lancée par Fathallah Oualalou, membre du Bureau politique de l’USFP, maire de Rabat et ancien ministre des Finances, résume l’importance du séminaire organisé samedi par l’Association Al Wasl en collaboration avec le CCME et les quotidiens Al Ittihad Al Ichtiraki et Libération et auquel ont participé d’éminents professeurs, politiciens et personnalités de la société civile.
Partant d’une vision pragmatique et réaliste, le dirigeant socialiste a développé une thèse simple. Il pense que la crise économique que traverse actuellement le monde et, principalement, la zone euro, doit pousser les pays de l’Union européenne à s’intéresser davantage à la Méditerranée si ils veulent vraiment sortir de cette crise. Et d’ajouter que ces pays ne peuvent pas se passer de la main-d’œuvre étrangère vu le vieillissement de la population. « Notre population est en train de vieillir, pense-t-il, et nous sommes contraints, également, de recevoir dans les années à venir davantage de main-d’œuvre en provenance des pays subsahariens ».
Quant au président du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), Driss Yazami, il a analysé les mutations de l’immigration marocaine. Selon lui, le nombre des Marocains à l’étranger a triplé durant les trois décennies et 10.000 à 20.000 personnes quittent le pays chaque année d’une manière légale. Mais la plus importante mutation, c’est le taux élevé de féminisation de l’immigration qui atteint actuellement 50 %. De plus, ce sont les femmes qui se font le plus naturaliser.
Un autre fait marquant concerne l’enracinement des Marocains dans les pays d’accueil, et pourtant ils restent fortement liés à leur pays d’origine. Mais la question importante, pour Yazami est la suivante : «Comment refonder, renforcer et réinventer ce lien ?» et «comment tirer profit dans le bon sens du terme, des cadres marocains pour participer au chantier de développement du pays ?».
Dans ce même sens, Kamal Daissaoui, président de l’arrondissement de Sidi Belyout a proposé aux professeurs et cadres marocains qui enseignent à l’étranger de réserver un peu de leur temps pour participer au développement de l’enseignement au Maroc.
Mais le Royaume dispose-t-il actuellement d’une politique migratoire claire et bien définie? La réponse d’Abdelhamid Jamri, président du Système des droits de l’Homme des Nations unies, était négative. Il pense que le Maroc avait durant des années une politique migratoire basée sur l’encadrement sécuritaire des Marocains à l’étranger, mais cette politique s’est éclipsée sans pour autant être remplacée par une politique plus visible.
De son côté, Rachid Alaoui, socio-économiste et consultant à l’Institut éthique et diversité a consacré son intervention pour répondre à cette question : les Marocains résidant à l’étranger constituent-ils une diaspora ou une communauté transnationale ?
Pour répondre à cette question, Rachid Alaoui qui coordonne un projet de dossier de la revue Hommes et Migrations sur le même sujet, voit utile « d’analyser les évolutions opérées au sein de cette migration qui a entre autres caractéristiques : sa mondialisation, sa féminisation croissante qui n’est plus seulement le fruit du regroupement familial, mais également le résultat d’une migration féminine autonome, souvent diplômée, son rajeunissement et sa diversité ».
L’intervention de Khalil Merroun, recteur de la Grande mosquée d’Evry, a été réservée à l’aspect religieux de l’immigration. Il pense que l’islam de France est « un islam marocain simple, qui se vit en douceur, un islam du juste milieu ».
Selon Merroun, les Marocains de France ont construit 350 mosquées avec une architecture typiquement marocaine dont certaines avec des minarets et 60 % des fidèles sont marocains. Il a exhorté le ministère des Habous et des Affaires islamiques à rattacher certaines mosquées aux biens de main morte pour ne pas perdre un patrimoine important.
Pour rappel, la première séance consacrée aux dynamiques migratoires et mutations a été présidée par Abdelmaksoud Rachdi, président de la plateforme Euromed des ONG. Alors que la deuxième dédiée aux nouveaux défis et perspectives a été présidée par Abdelhafid Amazigh, commissaire aux comptes et dirigeant de l’Association Al Wasl.
13 Août 2012, Mourad Tabet
Source : Libération

Google+ Google+