Près de 175 médecins catalans "objecteurs de conscience" ont annoncé leur refus d'appliquer la décision de Madrid sur l'interdiction de la gratuité des soins médicaux au profit des immigrés sans-papiers dont l'entrée en vigueur est prévue à partir du 1er septembre, a indiqué mercredi la Société espagnole de médecine de famille et communautaire (SEMFYC).
Engagé dans une politique d'austérité sans précédent, le gouvernement conservateur espagnol avait annoncé, en avril, que les sans-papiers n'auront plus le droit, à partir du 1er septembre, d'accéder aux prestations médicales gratuites en vertu d'une nouvelle réforme du système de santé.
Les médecins catalans se sont engagés à continuer de prodiguer des soins gratuits aux sans-papiers en adhérant au Mouvement d'"objecteurs de conscience" lancé en Espagne en juillet, a déclaré à la presse le secrétaire général de la SEMFYC, Salvador Tranche.
Un total de 1.035 médecins espagnols ont adhéré jusqu'à présent à ce mouvement, a ajouté M. Tranche, précisant qu'une campagne sera bientô t lancée en collaboration avec l'ONG Médecins du monde en vue d'inciter plus de professionnels de différentes spécialités à se joindre à cette initiative.
Le gouvernement autonome de Catalogne a réaffirmé, dimanche, qu'il n'appliquera pas la décision de Madrid sur l'interdiction de la gratuité des soins médicaux au profit des sans-papiers.
Cette décision "est de nature à aggraver davantage la situation de marginalité dont souffre ce collectif", a mis en garde Xavier Bosch, directeur général de l'Immigration du gouvernement catalan, soulignant que l'accès à la santé est un "droit universel".
La décision de Madrid de priver les sans-papiers de la Carte sanitaire a également suscité l'indignation des partis politiques et des ONG de défense des droits des immigrés en Catalogne.
Le Médiateur de cette communauté autonome, Rafael Ribo a récemment défendu le droit des immigrés sans-papiers d'accéder gratuitement aux soins de santé dans les hôpitaux publics d'Espagne, précisant que des recommandations seront adressées prochainement à ce sujet à l'exécutif régional.
Pour pouvoir bénéficier gratuitement du système de santé espagnol, les étrangers doivent être affiliés à la Sécurité sociale et payer des impôts.
Le quotidien espagnol "El Pais" a rapporté récemment que les sans-papiers désireux de recevoir des soins médicaux dans les hôpitaux publics doivent souscrire à une assurance de 710 euros par an, qui peut atteindre jusqu'à 1.864,80 euros pour les personnes de plus de 65 ans. Le gouvernement de Madrid compte ainsi réduire les dépenses de la santé publique d'un milliard d'euros.
Outre les sans-papiers, les Espagnols ayant des revenus annuels supérieurs à 100.000 euros et qui ne cotisent pas à la Sécurité sociale ainsi que les ressortissants européens qui profitaient du système de santé espagnol dans le cadre du "tourisme sanitaire" seront privés de la gratuité des soins.
D'après les médias espagnols, plus d'un demi-million de sans-papiers se verraient privés de la Carte sanitaire à laquelle tous les immigrés, justifiant d'un certificat de résidence municipale, pouvaient prétendre.
En vertu de cet amendement, l'accès aux soins de cette catégorie d'étrangers, hors pays de l'Union européenne, sera limitée aux seuls cas d'urgence médicale, d'accouchement et du suivi des enfants mineurs. Les familles des immigrés, légalement établis en Espagne, n'ayant pas encore obtenu leurs papiers devront se contenter, elles aussi, de ce service minimum. Un responsable espagnol a indiqué la semaine dernière que les factures des soins des sans-papiers souffrant de maladies chroniques seront adressées à leurs pays d'origine pour règlement.
15 août 2012
Source : MAP
Près de 175 médecins catalans refusent d'appliquer la décision de Madrid sur l'interdiction de la gratuité des soins médicaux au profit des sans-papiers
Publié dans Médias et migration
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