Ils auront accès à plus de métiers, mais les expulsions judiciaires des campements illicites continueront.
Matignon a fixé la ligne sur la question des Roms, ces quelque 20 000 ressortissants roumains ou bulgares dont l'installation en France, dans des campements de fortune, souvent en violation de la propriété privée, occasionne des troubles insupportables pour les riverains concernés.
Dès hier matin, en préambule à la réunion qu'il devait présider l'après-midi sur le sujet, Jean-Marc Ayrault a promis «fermeté et humanité». Une déclaration aussitôt accueillie comme une forme de soutien à Manuels Valls, très critiqué dans son camp pour avoir fait expulser des campements illicites à Lille cet été.
Le premier ministre s'est par ailleurs déclaré «favorable à une évolution» des mesures transitoires qui restreignent l'accès des ressortissants de ces pays au marché du travail en France. À ce jour, et jusqu'au 31 décembre 2013, ces étrangers, qui ne sont pas encore pleinement européens, n'ont accès qu'à 150 types d'emplois dans des secteurs dits «en tension».
Extension des secteurs professionnels accessibles aux Roms
Certes, on trouve dans cette liste nombre de métiers de main-d'œuvre, mais leur exercice y est très encadré. Parmi les conditions imposées: le versement par l'employeur d'une taxe à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii). Un frein à l'intégration de ces populations, estiment les associations humanitaires qui les soutiennent. En Italie et en Irlande, les autorités ont purement et simplement supprimé ces mesures transitoires, offrant aux «Roms» un accès sans réserve à leur marché de l'emploi.
La France semble privilégier une solution intermédiaire. Lors de la réunion d'hier, en présence de neuf ministres, dont celui de l'Intérieur, Manuel Valls, l'hôte de Matignon a retenu le principe d'une extension des secteurs professionnels accessibles aux Roms et annoncé la suppression de la taxe pour les employeurs. A-t-il ainsi voulu limiter le risque d'«appel d'air» tant dénoncé par l'opposition? Beaucoup s'interrogent, quoi qu'il en soit, sur la portée concrète de telles mesures en période de crise. «Le gouvernement fait diversion», assure le député UMP de l'Yonne, Guillaume Larrivé.
Trouver des terrains
Quid, en effet, des 300 à 400 campements illicites qui concentrent, en périphérie des grandes villes, toute la misère de ces populations itinérantes s'adonnant souvent à la mendicité? D'un côté, le gouvernement déclare qu'il fera exécuter les expulsions ordonnées par la justice. De l'autre, il défend la doctrine du candidat Hollande de ne pas expulser sans proposition préalable de relogement.
Les autorités s'activent donc pour recenser les terrains disponibles. Mais ces derniers manquent. Tous les gouvernements s'y sont cassé les dents. La France invite par ailleurs les pays d'origine de ces communautés à mieux prendre en charge leurs ressortissants. «Le gouvernement souhaite ouvrir des discussions avec ceux-ci», déclare Matignon.
En tout état de cause, les expulsions de Roms cesseront «au plus tard fin 2013», se félicite le collectif Romeurope, dont Jean-Marc Ayrault a tenu à recevoir hier les représentants. Le temps de la «stigmatisation» est peut-être révolu. Le problème des Roms est loin d'être réglé.
23/8/2012
Source : Le Figaro