Aucun pays d'Amérique du Sud n'est aussi populaire auprès des migrants que l'Argentine. Il n'y a pas si longtemps, ce sont les Argentins eux-mêmes qui décident de partir à l'étranger mais le pays est désormais devenu une terre promise pour des centaines de milliers de Sud-Américains.
« Les nouveaux bâtiments de la capitale argentine ont été construits par des Paraguayens », précise Isidro Méndez avec une certaine fierté. Ce Paraguayen d'environ 60 ans possède sa propre entreprise de construction et représente l'une des centaines de milliers d'étrangers qui est venu s'installer en Argentine à la recherche d'un avenir meilleur.
Pour travailler
De 2001 à 2010, le nombre de migrants en Argentine est passé de 1 million à 1,4 million de personnes. Une masse qui a été « presque complètement absorbée par le marché du travail», d'après une récente étude de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
De nombreux migrants étaient attirés par la croissance économique soutenue en Argentine depuis le milieu de la précédente décennie ainsi que par les opportunités d'emploi qui y sont généralement associées. Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Nestor Kirchner (2003-2007), il est également plus facile pour les étrangers de s'installer en Argentine.
Grâce au flux croissant d'étrangers en Argentine, ce pays d'émigration s'est transformé en pays d'immigration.
Surtout Paraguayens
Plus des trois quarts des migrants en Argentine proviennent d'autres pays d'Amérique du Sud, selon l'étude de l'OIM. La plupart viennent des pays voisins comme la Bolivie, le Brésil, le Chili, l'Uruguay et surtout le Paraguay (39 % des nouveaux étrangers en 2010) mais aussi du Pérou.
Les Paraguayens étaient déjà 550.000 en 2010. Les hommes travaillent principalement dans le secteur de la construction, les femmes surtout comme femme de ménage. Selon l'étude de l'OIM, la productivité dans le secteur de construction en Argentine a augmenté de 14 % de 2003 à 2010.
Le deuxième plus grand groupe d'immigrés dans le pays sont les Boliviens. En 2010, ils représentaient un quart des nouveaux migrants. Ils travaillent principalement dans l'agriculture des fruits et légumes et dans le commerce.
Dévaluation
Selon Juan Artola, responsable à l'OIM pour les pays d'Amérique du Sud, l'Argentine est intéressant pour les migrants car il y a du travail et parce que la loi leur permet de s'y installer relativement facilement.
L'immigration traditionnelle des pays voisins s'est accélérée dans les années nonante en raison d'une loi dite de la « convertibilité » qui a lié le cours du peso argentin pendant dix ans au cours du dollar américain, ce qui a permis aux gens d'épargner en devises étrangères.
Mais la base solide pour ce système d'échanges a échoué vers la fin de 2001 et le pays s'est effondré économiquement. Le peso a subi une forte dévaluation, l'économie a été durement touchée. Les pertes d'emplois ne connaissaient plus de fin et la pauvreté croissante a touché plus de la moitié des 38 millions d'Argentins de l'époque. Des dizaines de milliers d'Argentins ont décidé de partir pour tenter leur chance à l'étranger et des dizaines de milliers de migrants sont retournés dans leur pays d'origine.
Mais par la suite, le pays a réussi à sortir de la crise et les flux migratoires se sont à nouveau inversés.
« Aucun pays d'Amérique du Sud n'accueille autant de nouveaux migrants que l'Argentine », ajoute Artola. « C'est aussi un pays qui n'a jamais expulsé les migrants et qui a toujours été ouvert et où le marché du travail a considérablement augmenté depuis 2003. »
28/8/2012
Source : ipsnouvelles.be