La France doit s'assurer que sa politique de démantèlement de camps de Roms et d'expulsion de migrants n'est pas en contravention avec les règlements internationaux, a estimé mercredi le Conseil de l'Onu pour les droits de l'homme.
"Les expulsions se poursuivent et menacent de placer des familles dans des situations de grande vulnérabilité", affirment les rapporteurs du Conseil, insistant sur la nécessité de fournir de meilleures conditions de logement pour les Roms.
Plusieurs camps de Roms ont été démantelés au cours des dernières semaines à Saint-Priest, près de Lyon, à Evry, ville dont le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, est le maire, ou encore à Hellemmes et à Villeneuve d'Ascq, près de Lille.
Le gouvernement français a justifié ces démantèlements par les conditions d'insalubrité dans lesquelles vivaient les migrants, une explication qui n'a pas convaincu l'Onu.
Selon François Crépeau, rapporteur spécial de l'Onu sur les droits des migrants, "le but ultime semble être l'expulsion des communautés de migrants Roms de France".
"Les expulsions collectives sont interdites par le droit international et toute rapatriation doit être volontaire, conformément aux critères internationaux, et se fonder sur des évaluations individuelles et un contrôle indépendant", ajoute-t-il.
Le ministre de l'Intérieur a indiqué lundi qu'il entendait demander à la Bulgarie et à la Roumanie de faire davantage d'efforts pour intégrer les Roms.
Entre 15.000 et 20.000 migrants roms vivent en France, la plupart dans des conditions très précaires à la périphérie des grandes villes.
"Les Roms sont des citoyens européens et la minorité la plus marginalisée d'Europe. Il est regrettable de constater qu'ils ne bénéficient pas toujours du même droit de liberté de circulation et d'installation et continuent à souffrir d'un traitement discriminatoire", estime Rita Izsak, specialiste indépendante de la question des minorités à l'Onu.
(Stephanie Nebehay et Pierre Sérisier pour le service français)
29/8/2012
Source : Reuters