dimanche 24 novembre 2024 10:04

Royaume-Uni : des étudiants étrangers risquent l'expulsion

Les visas de trois mille élèves d'une université de Londres ont été annulés.

Abdus Samad, 21 ans, est arrivé du Bangladesh il y a un peu plus d'un an pour étudier le droit à Londres. «Plein d'espoir, raconte-t-il, attiré par la réputation du système éducatif britannique.» Mais, après avoir achevé sa première année à la London Metropolitan University, il vient de recevoir cette semaine un e-mail lui indiquant qu'il avait soixante jours pour trouver un autre établissement ou quitter le pays. Abdus est l'un des quelque 3000 étudiants non européens victimes du retrait, mercredi, de la licence de la London Metropolitan University lui permettant de sponsoriser les visas d'étudiants étrangers. Les universités bénéficient d'une délégation du ministère de l'Intérieur comme «sponsors de confiance» pour apprécier les demandes de visas. Or, après une enquête, l'Agence britannique de contrôle des entrées et sorties aux frontières (UKBA) a jugé laxistes les conditions dans lesquelles cette université examinait les candidatures d'étrangers. Elle lui reproche notamment un niveau d'anglais insuffisant pour certains.

Ce retrait de la licence de la London Met implique l'annulation des visas de tous ses étudiants extracommunautaires. L'agence de l'immigration conseille aux étudiants admis pour la rentrée de septembre de ne pas venir. Ceux qui sont déjà là se retrouvent en plein désarroi. «Je ne sais pas ce qui va m'arriver, s'alarme Abdus Samad. J'avais un visa de trois ans pour étudier ici. Maintenant, on me donne une liste d'universités où postuler et demander un nouveau visa, mais les procédures d'admissions sont fermées partout. Il se peut que d'ici deux mois, je sois forcé de rentrer au Bangladesh.»

La London Met a mis en place une ligne téléphonique d'aide à ses étudiants originaires de quelque 160 pays, dont l'Inde, le Nigeria, la Chine, la Colombie, la Russie ou les États-Unis, tandis qu'une cellule de crise tente de trouver des solutions avec le gouvernement, tout en cherchant à recaser les élèves concernés dans d'autres établissements. «Nous estimons que la mesure est hors de proportion, même face aux preuves qui nous ont été présentées», s'indigne le vice-chancelier de l'université, Malcom Gillies. Les étudiants ont manifesté jeudi devant Downing Street, avant d'être délogés par la police.

Réduire les entrées dans le pays d'ici à 2015

«Cette décision envoie un message très clair à tous les étudiants du monde entier: ils ne sont pas les bienvenus en Grande-Bretagne», dénonce Adnan Pavel, vice-président du syndicat étudiant de la London Met. «Cette mesure ne concerne que l'administration de la London Metropolitan University et ne relève certainement pas d'un resserrement des conditions d'accueil d'étudiants étrangers au Royaume-Uni, qui compte les meilleures universités du monde», tient à souligner Eric Thomas, président de l'organisme de représentation Universities UK.

Reste que ce nouvel épisode chaotique de l'agence chargée de la surveillance de l'immigration, déjà épinglée pour sa gestion fluctuante des contrôles des arrivées dans le pays, révèle la difficulté du gouvernement à mener à bien sa politique de limitation de l'immigration. David Cameron s'est donné comme objectif de réduire les entrées nettes dans le pays de 216.000 par an à moins de 100.000 d'ici à 2015. Or, 40 % de ces immigrants sont des étudiants, dont le nombre a doublé depuis dix ans.

Pour pallier la baisse de leurs subventions publiques, les universités britanniques se sont tournées vers le recrutement de candidats étrangers. Les droits d'inscription qu'ils payent au prix fort représentent plus de 10 % de leurs budgets. Dans les conditions actuelles, les étrangers peuvent bénéficier d'un visa de trois ans au maximum pour étudier au Royaume-Uni. La possibilité qui existait auparavant de rester deux ans de plus après la fin de leurs études a été supprimée. Pour certains, comme Abdus Samad, le retour au pays risque d'être précipité. «Ma famille s'est sacrifiée pour payer les 10.000 livres de ma première année. Si je rentre sans diplôme, ça n'aura servi à rien», se désole le jeune homme.

31/8/2012

Source : Le Figaro

 

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