samedi 2 novembre 2024 08:16

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Des dizaines de migrants expulsés d'un îlot espagnol proche du Maroc

Les forces de l'ordre espagnoles et marocaines ont délogé conjointement, dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines de migrants installés sur un îlot espagnol désert et les ont renvoyés pour la plupart au Maroc, mettant fin à un casse-tête pour Madrid.

Des mineurs et des femmes ont été conduits ailleurs en territoire espagnol. "Les autres ont été délogés à l'aube", a indiqué à l'AFP un porte-parole de la Garde civile espagnole, expliquant que l'opération avait été menée "conjointement" par l'Espagne et le Maroc, "sans aucun incident".

"Simplement, nous avons délogé (les migrants) de l'îlot car c'était un danger que ces personnes restent là", a-t-il ajouté.

Les autorités marocaines ont fait état auprès de l'AFP de deux blessés légers. Mais le ministère espagnol de l'Intérieur a nié tout incident: "la plupart des migrants ne voulaient pas aller au Maroc mais il n'a pas été nécessaire d'employer la force et il n'y a pas eu de débordement".

Mardi en milieu de journée, il ne restait plus aucune trace de l'intervention, selon un photographe de l'AFP sur place. Outre les derniers vacanciers de l'été, seuls deux gendarmes marocains étaient postés sur la plage, à proximité d'une tente.

Grand comme un terrain de football, l'îlot, sur lequel est planté un drapeau espagnol, était aisément repérable et atteignable à pied, avec la marée.

Sur les sites internet des journaux El Pais et El Mundo, des photos prises dans la nuit montraient des militaires espagnols sur un zodiac, en train de ramener les migrants vers le Maroc, et franchissant les derniers mètres pour les remettre aux forces de l'ordre marocaines sur la plage tout en s'efforçant de ne pas poser le pied sur le sol de ce pays.

"Les conditions maritimes (dans la nuit, ndlr) ont permis" l'intervention, a expliqué à l'AFP un porte-parole du ministère espagnol de l'Intérieur, précisant que "l'évacuation" s'était "achevée à 04H30 du matin" (02H30 GMT).

Au total, 83 migrants venus d'Afrique subsaharienne avaient débarqué ces derniers jours sur l'île de Terre (Isla de Tierra), un caillou inhabité, créant un casse-tête pour l'Espagne.

Dire "ça suffit" aux mafias

L'évacuation a eu lieu en deux temps d'après Madrid: "dix migrants, des mineurs et des mères de famille, ont été amenés en Espagne et sont à Melilla actuellement", a indiqué le ministère espagnol de l'Intérieur. Selon les médias, ils sont en observation médicale.

Mais "73 migrants ont été envoyés au Maroc pour être rapatriés", a-t-il ajouté, une information confirmée à Rabat.

L'opération a été critiquée par plusieurs ONG espagnoles qui ont accusé Madrid d'avoir "violé la législation espagnole en livrant les immigrants de l'île de Terre au Maroc".

"La procédure prévue par la loi sur les  étrangers n'a pas été respectée, et les  réfugiés potentiels n'ont pas été autorisés à demander l'asile. Ils ont en revanche été livrés à un pays qui viole systématiquement les droits de l'homme des immigrants", ont indiqué ces associations de défense des droits de l'homme.

Selon une source de sécurité marocaine, ils ont été "pris en charge" par les forces de l'ordre dans l'attente de leur expulsion vers la frontière algérienne, d'où les migrants pénètrent traditionnellement dans le royaume.

Le Maroc et l'Espagne ont fait en sorte de régler au plus vite cette situation: "ici, l'objectif n'était pas tant d'avoir à agir de cette manière (en évacuant les migrants, ndlr), mais d'éviter que d'autres arrivent sur les rochers espagnols", a confié le porte-parole du ministère espagnol de l'Intérieur.

L'Espagne doit déjà gérer l'épineuse question de ses enclaves de Ceuta et Melilla, seules frontières terrestres entre l'Afrique et l'Europe.

Le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Garcia Margallo s'est dit lundi "convaincu" que l'arrivée de sans-papiers sur la Isla de Tierra était "une opération coordonnée par les mafias qui font du trafic d'êtres humains".

L'Espagne avait fourni ces derniers jours une aide en couvertures, eau et nourriture aux migrants sur l'îlot, refusant toutefois de leur laisser entrevoir le moindre espoir d'être transférés sur le continent européen.

Le pays mise désormais sur une coopération accrue avec le Maroc pour éviter que ce genre de situation ne se reproduise: "La réponse conjointe des gouvernements espagnol et marocain, et de l'Union européenne, est de dire +ça suffit+ à ceux qui font du trafic d'êtres humains", a déclaré le préfet espagnol à Melilla, Abdelmalik El Barkani, à la radio nationale.

Côté marocain, une opération a été menée lundi pour expulser quelque 200 migrants en situation irrégulière, dont près de 170 dans le nord.

Prévu mercredi à Rabat, un Forum parlementaire Maroc-Espagne, en présence de nombreux hauts responsables, devrait par ailleurs être l'occasion d'aborder ces questions migratoires. 04 septembre 2012 Abdelhak SENNA

Source : AFP

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