jeudi 4 juillet 2024 14:21

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Suisse : La question migratoire! Au cœur du congrès socialiste

Invité de Simon Matthey-Doret jeudi dans "Le Journal du matin" de la RTS avant le congrès socialiste de Lugano samedi et dimanche, Christian Levrat estime que refuser de parler de la question migratoire serait une grosse erreur politique.

Asile et politique migratoire sont deux dossiers chauds sur lesquels le parti socialiste opère un recentrage remarqué. Ces questions seront abondamment débattues lors de l’assemblée des délégués du PS les 8 et 9 septembreà Lugano - avec de vives discussions en perspective. Dans son document de position qui sera soumis à l'assemblée, Christian Levrat aborde notamment les questions liées à la politique migratoire - avec des propositions comme serrer la vis contre les requérants délinquants ou durcir les mesures contre le dumping salarial. Le PS veut-il renforcer sa crédibilité en matière de politique migratoire?

"L'objectif est double, explique Christian Levrat. Il y a d'abord la nécessité de préparer le débat sur la libre circulation des personnes, grand thème de la législature à venir. Nous sommes absolument convaincus qu'il faut un renforcement des mesures d'accompagnement, parce que la migration agit comme une loupe, comme un miroir sur les lacunes de politique sectorielle, politique du logement ou politique du travail ou au développement de nos infrastructures notamment. La migration n'est pas à l'origine des déficits qu'on connaît, par contre, elle les met en évidence. Et aujourd'hui, refuser d'entrer en débat sur cette question migratoire, refuser de traiter parallèlement à cette question migratoire des problèmes qu'elle induit sur le marché du travail, sur le marché du logement, c'est à mon avis une grosse erreur politique."

- Mais n'est-ce pas le début de l'amalgame, tout de même, entre migration et problèmes de logement, de travail?

"Il s'agit de prendre des mesures. Lorsque sur un chantier, vous vous retrouvez avec des salariés du second œuvre payés 8 à 10 euros, vous pouvez considérer que c'est la faute des salariés concernés, mais vous pouvez aussi considérer - et c'est notre positions - que c'est parce que nous avons une loi en Suisse qui est insuffisamment protectrice pour les travailleurs de notre pays, parce que nous avons refusé d'introduire des salaires minimaux - et quand je dis nous, il s'agit essentiellement de la droite en l'espèce - parce que la Suisse a refusé d'introduire une responsabilité solidaire de l'entrepreneur principal pour toute la chaîne de sous-traitants, donc on voit bien à l'exemple du droit du travail que nous avons tout intérêt à avoir une approche globale qui tienne compte des conséquences de la migration et des faiblesses des politiques sectorielles, plutôt que nous limiter à débattre de la question de savoir si nous avons trop ou pas assez d'étrangers."

"La question est comment est-ce que nous répartissons le bien-être, la croissance - générée en partie par la libre circulation, mais qui aujourd'hui ne profite qu'à une petite minorité d'employeurs peu scrupuleux, de spéculateurs fonciers. C'est là autour qu'il faut engager le combat. Les syndicats l'ont bien compris, nous soutiennent dans cette approche globale en demandant des mesures d'accompagnement; l'ASLOCA l'a bien compris puisque cette semaine elle a pour la première fois lié la politique du logement avec les mesures d'accompagnement en faisant dépendre son soutien à l'extension de la libre circulation à la Croatie de l'amélioration du droit du bail et d'une autre politique du logement. Et je crois que nous sommes sur la bonne voie, n'en déplaise à certains qui refusent d'en débattre."

- Selon Cédric Wermuth (PS/AR), la direction du PS, avec ces thèses-là, "se couche" devant la droite qui vous dicte ses thèmes. Vous lui répondez quoi?

"C'est faire preuve d'une solide naïveté de penser qu'en matière de mesures d'accompagnement, par exemple de salaires minimaux, de politique du logement par exemple en limitant l'augmentation des loyers initiaux, ou en matière d'infrastructures ferroviaires la droite partage nos vues. C'est au contraire un combat politique terrible qui s'engage et il est important que le PS se rassemble autour de ces exigences, autour d'une vision de la politique migratoire, qui est ouverte mais qui est réaliste en parallèle."

- Un sondage sur les questions migratoires à l'automne dernier montrait que seuls 9% des Suisses jugeaient les socialistes crédibles sur cette question, contre 69% pour l'UDC. Il y a l'idée de renforcer cette crédibilité-là, il y a une petite compétition électorale avec l'UDC…

"Je pense que l'on a très longtemps évité ce problème migratoire et qu'il faut l'aborder de front. C'est quelque chose qui est largement partagé, je crois, dans le parti. J'ai entendu, c'est contesté par certains, j'espère qu'ils seront minoritaires parce que je crois que ce n'est pas en taisant les problèmes qu'on les résout."

06.09.2012

Source : RTS Info

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