Il est des hommes et des femmes qui arrivent à forcer leur destin, à force de volonté et d'acharnement. Milouda Chaqiq est de cette trempe. Née au Maroc, en 1951, la sexagénaire décide, à l'âge de 40 ans, de quitter ce pays dans lequel son horizon est trop étroit. Elle décide surtout de quitter un homme violent et alcoolique qui la roue de coups et un statut qui n'est pas des plus favorables pour les femmes. Le cœur lourd car elle laisse aussi derrière elle ses six enfants, Milouda débarque à Paris, en tant qu'immigrante clandestine et décide de s'intégrer dans ce pays. Bien plus facile à dire qu'à faire lorsqu'on ne parle pas le français, que l'on ne sait ni lire ni écrire et que l'on est sans papier!
Sa vie de galère qui va durer 5 ans, entre des boulots à la petite semaine, en tant que femme de ménage et une profonde tristesse de ne plus voir ses enfants, prend fin lorsqu'elle est régularisée en 1994.
Sa carte de séjour en poche, Milouda va réaliser son rêve: lire et écrire. A cet effet, elle s'inscrit à des cours d'alphabétisation et son cahier et son stylo deviennent les clés de sa liberté.
Remarquée par le slameur Grand Corps Malade, qui la surnommera "Tata Milouda", elle fait aujourd'hui le tour des salles de spectacle où elle rencontre son public à qui elle raconte sa vie, ses déboires mais aussi ses espoirs. Et tant pis si son vocabulaire est réduit, son français imparfait, ce qui lui importe c'est de transmettre son message, avec humour, spontanéité, le sourire toujours vissé aux lèvres et une énergie époustouflante.
Remarquée par Frédéric Mitterrand, lors de l'un de ses spectacles, la France a élevé Tata Milouda au rang de Chevalier de l’Ordre des arts et des lettres, le 19 juillet dernier. Belle revanche pour la sans-papier d'hier qui rasait les murs, de peur de se faire expulser...
Et si Tata Milouda souhaitait transmettre un message d'espoir et de liberté, elle y est arrivée, assurément.
7 Septembre 2012, Fatiha SAIDI
Source : Libération
Cette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.
Tata Milouda, de la galère à la galerie
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