jeudi 4 juillet 2024 14:24

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Campagne des législatives aux Pays-Bas : moins d'Islam et d'immigration, plus d'Europe

Persuadés, comme l'est une grande partie des Néerlandais, que l'Europe est la source de tous "les maux économiques" des Pays-Bas, les formations politiques hollandaises, modérées comme populistes, s'en sont prises à Bruxelles, en nourrissant davantage "une europhobie" qui commence à se faire sentir depuis le début de la crise de la zone euro.

L'Europe qui a dominé largement les débats tout au long de la campagne pour les législatives du 12 septembre, s'est substituée à des sujets, jusqu'alors prioritaires dans les programmes électoraux des partis néerlandais, tel l'Islam et l'immigration, pourtant toujours présents dans le discours des leaders de l'ensemble des partis engagés dans la course législative.

Le premier ministre sortant Mark Rutte, chef de file du parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), qui ne prône pas "plus d'Europe" mais "une meilleure Europe" promet de travailler "pour tous les Néerlandais", tout en se montrant ferme vis-à-vis de Bruxelles à laquelle il ne veut pas envoyer plus de fonds s'il est réélu.

"Je me bats en Europe pour un véritable marché européen et une monnaie européenne forte, pour les emplois néerlandais et dans l'intérêt du pays", a-t-il déclaré.

Seul à s'engager à réduire le déficit budgétaire national d'ici 2013, le parti libéral propose de faire de nouvelles économies, notamment dans les secteurs de la protection sociale, de la santé et de la fonction publique. Il prévoit aussi des investissements dans l'éducation, les infrastructures, la sécurité et des allègements de charges à hauteur de 5 milliards d'euros.

Confronté à une hausse du sentiment d'hostilité aux réformes réclamées par l'Union européenne, le parti libéral s'élève contre la lenteur de la mise en Âœuvre des réformes en Grèce alors que les Pays-Bas sont contraints à un sévère plan d'austérité.

"Nous avons aidé les Grecs deux fois, c'est maintenant à eux de montrer qu'ils veulent conserver l'euro. Les Pays-Bas ont été très affectés par la crise de la dette et les seules solutions sont de baisser les impôts, de mettre les finances publiques en ordre et d'encourager les investissements", a affirmé Mark Rutte, soulignant qu'une sortie de la Grèce de la Zone euro pourrait s'avérer inévitable.

Le leader du Parti socialiste (PS), Emile Roemer, donné favori par les sondages au début de la campagne avant sa chute en raison de sa mauvaise prestation dans les débats télévisés, s'est employé à engranger des voix en faisant campagne contre l'austérité insensée imposée par Bruxelles et Berlin.

Là où les libéraux du premier ministre sortant prônent la rigueur, avec un déficit public ramené sous la barre des 3 pc dès 2013, les socialistes veulent investir 3 milliards d'euros supplémentaires en 2013 pour stimuler l'économie et attendre 2015 pour redescendre sous les 3 pc.

Roemer assure également que, s'il est au pouvoir, les Pays-Bas ne payeront pas de pénalité à Bruxelles en cas de non-respect de la règle des 3 pc. "Les gens sont plus importants que les petites règles", soutient-il. Et en cas d'amendes infligées par l'UE, Roemer dit qu'il "ira gentiment expliquer à Bruxelles que nous avons affaire à des circonstances qui imposent des investissements".

Eurosceptique, mais sans aller aussi loin que l'extrême droite de Geert Wilders, qui souhaite abandonner l'euro, Roemer se dit favorable à la "coopération" mais pas à "l'intégration" européenne et prévoit de conditionner à l'approbation par référendum tout transfert de compétences "vers les technocrates de Bruxelles".

Connu pour ses positions hostiles à l'Islam et aux émigrés, entre autres , le Parti de la Liberté (PVV), dont le programme est intitulé "leur Bruxelles, nos Pays-Bas", est un opposant farouche à l'Union européenne qu'il considère comme une menace pour l'Etat-providence et, au-delà, pour la société et l'identité néerlandaises.

Pour son leader Geert Wilders, les élections législatives constituent un véritable référendum sur l'Europe. "Bruxelles est un monstre antidémocratique, un vampire qui va nous sucer jusqu'à ce que nous devenions une province insignifiante de la grande Europe" a-t-il déclaré. "Nous avons besoin de nos propres frontières, de notre propre monnaie et de notre propre avenir. D'être le patron chez nous, d'être les patrons dans notre propre pays",

Le PVV défend deux mesures principales : l'abandon de l'euro au profit du florin, l'ancienne monnaie, et le rapprochement des Pays-Bas avec la Suisse et la Norvège, deux pays liés par un accord de libre-échange.

Les sorties controversées de ce leader populiste sur plusieurs sujets notamment l'immigration, l'Islam et actuellement l'Europe ont discrédité le parti qui n'est pas désormais considéré comme un "partenaire crédible". Quel que soit le nombre des sièges qu'il obtiendra, le PVV n'aura aucun rôle à jouer dans le future gouvernement, selon des analystes.
Wilders avait d'ailleurs provoqué la chute du gouvernement minoritaire de Mark Rutte, qu'il soutenait avec son parti à la chambre basse du parlement, en claquant la porte de négociations en vue de ramener le déficit public en 2013 sous la barre des 3 pc, la limite en vigueur dans la zone euro.

Connu pour sa position favorable à "une grande intégration européenne", le parti travailliste (PvdA), longtemps moribonds dans les sondages, est revenu au premier plan d'une campagne pourtant dominée par l'euroscepticisme. Les travaillistes sont désormais au coude à coude avec le parti socialiste dans les sondages, derrière les libéraux.

Portés par d'excellentes performances de la part de leur chef de file Diederik Samsom lors de récents débats télévisés, les travaillistes ne cachent pas leur penchant pour une grande intégration européenne, mais, restent attentifs à une opinion publique de plus en plus hostile à l'Europe en crise.

"Pour résoudre cette crise de l'euro, nous devrons partager plus de compétences, au-delà de ce que nous estimons confortable", a déclaré Diederik Samsom lors d'un débat télévisé.

Pour les travaillistes, les Pays-Bas ont besoin de davantage de temps pour retrouver l'équilibre budgétaire. Leur leader Diederik Samson a indiqué qu'il souhaitait renégocier avec le Pacte budgétaire européen auquel il veut ajouter des mesures de croissance.

"Je suis passé de l'euro-optimisme à l'euro-réalisme (...).Un certain nombre de mesures doivent être prises d'urgence pour stabiliser l'ensemble, afin que la prochaine génération puisse poursuivre l'unification (....) Nous devons nous diriger vers une union bancaire, la surveillance européenne, un fonds de résolution pour les banques en faillite et, enfin, vers un système européen de garantie des dépôts", a-t-il déclaré.

Par ailleurs, il estime que ses adversaires seront contraints de revenir sur leur promesse de ne plus aider la Grèce.

Les enquêtes d'opinion de ces dernières semaines plaçaient toutes en tête les libéraux du VVD et les socialistes (SP). Mais les travaillistes (PvdA) ont récemment enregistré une poussée dans les sondages, grâce notamment aux performances de son leader, Diederik Samson, lors des débats télévisés qui l'ont opposé aux autres têtes de liste. Les sondages diffèrent toutefois sur le parti qui arriverait en tête le 12 septembre.

Dans son enquête d'opinion publiée le 3 septembre, l'institut Synovate crédite le VVD de 35 sièges, le PvdA de 30, le SP de 24, le PVV de 18, l'appel Chrétien Démocrate (CDA) et les Démocrate 66 de 14 chacun. Le Parti des animaux (PvdD) de Marianne Thieme et l'Union chrétienne (CU) dirigée par Arie Slob obtiendraient 4 sièges chacun, la Gauche verte (GL), de Jolande Sap, 3 sièges et enfin le Parti politique réformé (SGP), conduit par Kees van der Staaij, et 50 Plus, de 2 députés chacun.

Amsterdam, 11 sept. 2012

Source : MAP

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