Vingt-une formations politiques sont en lice pour les élections législatives prévus aux Pays-Bas mercredi prochain, quatre mois après la démission du gouvernement du libéral, Mark Rutte, dont la coalition a échoué à s'accorder sur des réformes budgétaires réclamées par Bruxelles.
La campagne électorale, qui a atteint sa vitesse de croisière à l'approche du jour "J" a été dominée, conjoncture régionale oblige, par un débat sur l'Europe et la crise secouant la zone-euro depuis des mois, reléguant au second plan des thèmes jusqu'alors chers aux partis néerlandais tels l'Islam et l'immigration.
Outre les populistes de droite (le Parti de la liberté-PVV-) et ceux de gauche (le parti socialiste), réputés pour leur hostilité chronique à l'Europe, le parti populaire pour la liberté et la démocratie du premier ministre sortant se sont attaqués, chacun à sa façon, aux "diktats" de Bruxelles. Sauf que ce dernier a été, et à bien des égards, prudent en affirmant à plusieurs reprises que "les Pays-Bas ne peuvent pas se passer de l'UE, leur économie, 5-ème de la zone euro, étant tournée vers l'étranger".
Arme à double tranchant, les débats télévisés auxquels se livrent, bon gré mal gré, les candidats des principales forces en présence, ont été cette fois-ci décisifs. "C'est l'occasion pour l'électorat de mesurer l'aptitude et la prédisposition de chaque candidat pour conduire le prochain gouvernement, qui, selon les analystes, ne sortira pas de la tradition politique du pays: la coalition".
Premier effet de ces débats, et dernière surprise en date, était la montée en flèche dans les derniers sondages du leader du Parti travailliste (PvdA), Diederik Samsom, qui était pourtant à la traîne au début de la campagne. A trois jours des élections législatives, la formation du dirigeant travailliste fait désormais jeu égal dans les intentions de vote avec le Parti libéral de Mark Rutte.
Samsom a su profiter du recul accusé dans les sondages par le chef de file du Parti socialiste, Emile Roemer (gauche radicale), qui après un début brillant, semble perdre en vitesse, en raison de sa mauvaise prestation dans un débat-télévisé diffusé le 26 août.
Dans un sondage publié jeudi, 47 pc des personnes interrogées ont déclaré qu'elles souhaitent voir le leader du parti travailliste devenir Premier ministre, contre 42 pc pour Rutte, tandis que 11 pc disent n'avoir aucune préférence.
Selon un autre sondage publié vendredi, les libéraux (VVD) sont crédités dans les sondages de 33 à 34 sièges de députés sur 150 (contre 31 en 2010) et les travaillistes (PvdA) de 29 à 32 sièges (30 en 2010). Derrière eux, les socialistes d'Emile Roemer (SP, 15 sièges en 2010), opposés à l'intégration européenne, sont crédités de 22 à 26 sièges pour ces élections législatives.
Quant au PVV de Geert Wilders (extrême droite), il risque d'accuser un léger recul lors des législatives anticipées de mercredi, selon les observateurs locaux, qui affirment que le chef de fil de la droite "dure" néerlandaise est resté fidèle à un discours électoral anti-europe "d'un autre temps" préconisant notamment la sortie des Pays-Bas de l'UE et le retour à la monnaie néerlandaise.
En Avril dernier, le parti de Geert Wilders, a provoqué la chute de la coalition de Rutte en refusant d'approuver des économies de 14,4 milliards d'euros devant ramener le déficit public à 2,8 pc du PIB en 2013 (contre 4,7 pc en 2011), comme l'exige Bruxelles. Le parti PVV avait par la même occasion rompu l'accord de soutien qui le liait au gouvernement depuis l'entrée en fonction de ce dernier en octobre 2010.
Ne disposant plus de la majorité absolue à la chambre basse du parlement, le gouvernement de Rutte a du recourir au soutien de trois petits partis d'opposition pour atteindre le budget d'austérité réclamé par l'Union européenne. Un objectif qu'il va réaliser grâce à une série de mesures, approuvées par les partis alliés, dont une augmentation de la TVA, une réduction du budget alloué aux soins de santé, un gel des salaires de certains fonctionnaires et une augmentation de la taxe bancaire.
Cet accord qui renferme, selon Rutte, des mesures douloureuses, a été salué par la Commission européenne qui a loué "la crédibilité" des institutions néerlandaises face à des "choix difficiles qui devaient inévitablement être faits".
10 sept 2012
Source : MAP