Après 22 jours passés en mer et cinq mois dans un centre de rétention en Australie, Jeevan Nanthakumar a posé ses bagages chez un couple de retraités. Ils aident ce jeune demandeur d'asile sri-lankais à s'adapter, en attendant l'examen de son dossier.
Nanthakumar --un pseudonyme-- a fui son pays en janvier, en raison "de problèmes avec le gouvernement et d'ennemis dans le village", raconte-t-il à l'AFP.
Depuis l'Inde, il a embarqué avec d'autres vers l'Australie, son bateau a été intercepté par les douanes et les passagers transférés, d'abord sur l'île australienne de Christmas puis dans un centre de rétention dans le Queensland.
Ils sont 7.000 comme lui, venus le plus souvent d'Afghanistan, d'Iran, d'Irak et du Sri Lanka, à être arrivés cette année en Australie via la mer, à bord d'embarcations vétustes et acheminés par des passeurs, pour demander l'asile.
En attendant l'examen de leur dossier par les services d'immigration, ces nouveaux arrivants sont placés dans des centres de rétention, souvent loin de tout. Face à un afflux record cette année et pour soulager un système proche de l'implosion, le gouvernement travailliste a lancé un programme: des familles accueillent temporairement ces réfugiés.
L'idée est aussi de guider les premiers pas de ces personnes venues de pays lointains.
Martha, professeur à la retraite, et son mari Philip, ont ainsi accueilli Nanthakumar, dans leur maison du nord de Sydney, pendant une quinzaine de jours.
"Nous l'avons aidé au tout début. Mon mari le conduisait aux réunions de la Croix-Rouge et lui a montré comment prendre le train", dit-elle. "Nous l'avons aussi mis en garde pour le travail, en lui expliquant qu'il ne devait pas travailler pour moins que le salaire minimum".
"Il est très indépendant. Il a vite trouvé d'autres membres de la communauté tamoule, et une maison où aller vivre", ajoute l'hôte, qui ne peut pas donner son nom de famille selon la politique de protection de la vie privée de l'organisation Australian Homestay Network (AHN), qui gère ces hébergements.
L'ancienne prof a décidé d'agir après s'être intéressée au sort des demandeurs d'asile, qui fuient pour la plupart un pays ravagé par la guerre ou la répression.
"Nous nous sommes impliqués dans Amnesty International, on s'est intéressé aux réfugiés et on voulait avoir une action concrète", ajoute-t-elle, soulignant que l'échange avec la personne accueillie "va dans les deux sens".
Jusqu'à présent, ce programme tout récent a placé 150 demandeurs d'asile dans des familles, pour un maximum d'un mois et demi.
Les accueillants aident leur pensionnaire à "utiliser les transports publics, ouvrir un compte bancaire, remplir les feuilles de sécu. Tout ce qui nous paraît évident en Australie, mais qui l'est moins pour quelqu'un qui arrive", explique David Bycroft, le directeur de AHN, qui travaille en coopération avec le ministère de l'Immigration.
La famille reçoit 140 dollars australiens (113 euros) par semaine pour couvrir ses frais. Une somme peu élevée qui montre qu'"on ne fait pas ça pour l'argent", souligne David Bycroft.
Les demandeurs d'asile sont soigneusement sélectionnés par les services d'immigration. Ils doivent posséder un visa provisoire, accordé au regard de leur comportement dans le centre de rétention, l'absence de risque qu'ils font courir à la société et leur état de santé.
Ces visas provisoires --3.400 ont été émis depuis janvier-- permettent aux demandeurs d'asile de travailler dans la légalité, en attendant que leur dossier soit étudié.
13 sept 2012
Source : AFP