Les démarches administratives restent un casse-tête mais l'ambiance est apaisée parmi les étudiants étrangers non européens en France, qui préparent leur rentrée libérés du poids d'une circulaire du précédent gouvernement leur restreignant le droit au travail.
"Je viens ici pour étudier. Pas pour chercher un travail", précise d'emblée Talal Alkanj, un Libanais de 22 ans inscrit en master de génie civil à l'université Paris VII.
A la Cité internationale universitaire de Paris, il attend son tour pour valider son visa auprès de l'Office français de l'immigration et de l'intégration qui tient un guichet commun avec la Préfecture de police.
"Si une opportunité se présentait à la fin de mes études, poursuit toutefois le jeune homme, ce serait décevant" de devoir dire non faute de titre de séjour.
Le gouvernement a abrogé dès juin la circulaire dite Guéant, du nom de l'ancien ministre de l'Intérieur, sur les étudiants étrangers. Le texte demandait, depuis le 31 mai 2011, aux préfets d'instruire "avec rigueur" leurs autorisations de travail et d'exercer un "contrôle approfondi" des demandes de changement de statut d'étudiant à salarié.
De nombreux employeurs avaient dû renoncer à embaucher de jeunes diplômés étrangers, certains très qualifiés, qui s'étaient retrouvés en situation irrégulière, sous la menace d'une reconduite à la frontière.
L'abrogation de la circulaire a "eu un effet vertueux immédiat pour ceux qui avaient un dossier en souffrance", indique Fatma Chouaïeb, porte-parole d'un collectif en pointe sur cette question.
"Pour les tout récents diplômés, le processus est toujours en cours", relève-t-elle. "Tout n'est pas parfait, les pratiques préfectorales ne sont pas toutes alignées" sur le nouveau texte.
4e rang mondial
Quant aux primo-arrivants, ils font leur rentrée dans un "climat apaisé", selon Carine Camby, déléguée générale de la Cité internationale. "Ils sont plus détendus, il y a beaucoup moins d'anxiété que l'an dernier."
"Je ne suis pas inquiet pour mes papiers", confirme le Tunisien Mahfoudh Friji, étudiant en cinéma de 22 ans. Une fois diplômé, s'il trouve un travail, il restera. Mais "ça risque d'être dur, il y a beaucoup de concurrence en France".
Pour Carine Camby, il faut en effet relativiser l'impact quantitatif de la circulaire Guéant. "La France est restée très attractive pour les étudiants étrangers, il y a même eu une augmentation des arrivées".
Avec 288.550 étudiants étrangers en 2011-2012, soit 12,3% de sa population étudiante globale, la France occupe le 4e rang mondial, derrière les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie. Les Marocains, suivis des Chinois puis des Algériens, forment les plus gros contingents.
Non-européens, ils ont besoin d'un visa ou d'un titre de séjour. Attestations de ressources, de logement, de scolarité... les papiers à fournir restent légion.
"Il ne faut pas que le titre étudiant soit un moyen de contourner la loi", justifie David Julliard, chargé de la question à la préfecture de police de Paris.
En fin de cursus, quand les étudiants demandent un titre de salarié, ses services sont également chargés de vérifier "que la promesse d'embauche ne vient pas d'un McDo pour un bac plus 3".
Selon lui, la réflexion sur le passage du statut d'étudiant à salarié n'était donc pas "illégitime". Mais, avec la circulaire Guéant, "le coup de frein a été trop brutal", estime le responsable, "satisfait que le climat soit pacifié".
15 sept 2012 Charlotte PLANTIVE
Source : AFP