"L'herbe est toujours plus verte sur l'autre rive". Ce dicton semblait pouvoir s'appliquer un peu partout dans le monde. Il n'épargne pas l'Autriche, un pays pourtant si ... vert.
Et pourtant... Selon "Die Presse" , l'Autriche souffrirait d'une hémorragie des diplômés. Chaque année, un quart des diplômés autrichiens, soit 20.000, tentent leur chance en dehors du pays. Une moyenne annuelle de 5.000 ne reviennent plus. Paradoxe des paradoxes, ce pays tenant tout son charme de leur nombre, moins d'un étudiant étranger sur 5, originaire de pays en dehors de l'UE, a postulé en 2011 pour un emploi en Autriche à la fin de ses études universitaires. Le solde entre ceux qui restent et ceux qui partent, nationaux et étrangers confondus, est négatif pour l'Autriche.
Comment un pays aussi attractif, s'interroge Die presse, peut-il perdre autant de ses diplômés et avec eux, les compétences dont le pays a besoin et dont la formation est d'un coût très lourd pour le pays?
Sur les 222 étudiants étrangers, hors UE qui en 2011, ont postulé pour un emploi, 188 ont obtenu un poste conforme à leurs qualifications. A noter que le caractère attractif de l'Autriche joue de manière diverse selon les nationalités. C'est ainsi que 67, soit 31%, de ces diplômés sont bosniaques. Arrivent, en seconde position... les très inattendus chinois suivis respectivement des russes, indiens et des turcs. Il est à noter que ces derniers n'arrivent qu'en dernière position alors que leur compatriotes représentent la communauté étrangère résidant en Autriche de loin la plus importante.
Dès lors, la question qui se pose, pour s'arrêter un instant sur cette communauté est celle de la distinction entre les étudiants et l'immigration turque en Autriche. Les étudiants d'origine turque sont- ils issus de l'immigration turque ou bien viennent-ils de leur pays pour leurs études avant de rentrer chez eux, une fois ces dernières achevées alors que leurs compatriotes issus de l'immigration bénéficieraient moins de la promotion sociale par les études supérieures?.
Pour avoir une idée précise de la question, il faudrait aussi intégrer dans les calculs, les étudiants d'origine turque qui, une fois naturalisés ne sont pas pris en compte dans ces statistiques.
Magrit Kreuzhuber, déléguée pour la migration et l'intégration de la chambre autrichienne du commerce, insiste sur la nécessité d'une importante opération de communication afin d'améliorer le nombre des postulants de manière significative (!). Les syndicats universitaires désignent les critères quasi impossibles à satisfaire qu'oppose l'administration pour la régularisation de la situation des postulants éventuels.
Il nous semble important de comprendre ce qui exprime une doléance et un regret de la part d'un quotidien représentant l'aile plutôt conservatrice de l'opinion publique généralement prompte, quand elle a des regrets à exprimer en la matière, à se désoler de ce que les étrangers ne repartent pas chez eux.
L'explication est que la démographie en Autriche comme en Allemagne connait une phase de "récession" inédite. Le nombre des naissances baisse de manière significative depuis quelques années. C'est ainsi que la moyenne des naissances par femme est de 1,3 ce chiffre incluant les communautés étrangères. Il signifie un déficit de la natalité aggravé par le vieillissement de la population. Dès lors ce phénomène de fuite des cerveaux, généralement jeunes, est doublement pénalisant pour le pays.
20 sept. 2012, Abdallah BOUHAMIDI
Source : MAP