Maka Kotto, Camerounais d’origine vient d’être nommé ministre de la Culture et des Communications du Québec. Il devient ainsi le premier Canadien d’origine africaine à obtenir un portefeuille ministériel au Canada. Il a été nommé par Pauline Marois, premier ministre femme de l’histoire du Québec.
Nul n’est prophète en son pays. Cet adage très répandu trouve tout son sens dans la vie de Maka Kotto. Né il y a presque cinquante et un ans à Douala, la capitale économique du Cameroun, le jeune Maka kotto dont le rêve était de devenir prêtre, quitte à 17 ans le pays qui l’a vu naitre pour poursuivre ses études non de théologie mais de sciences politiques, en France. Frustré par le régime en place qui ne lui permet pas d’exprimer librement son autre passion, la poésie « La majorité d’entre nous sommes partis à l’étranger. Il n’y avait pas de place pour la démocratie et la liberté. Seulement pour le népotisme et la corruption », rapporte-t-il à Camer.be.
En France, malgré ses études entamées en sciences politiques, il a un rêve en tête : faire de la comédie. Il commence par faire de la figuration, puis entre au célèbre Cours Florent, sous la direction de Francis Huster. Avec ses camarades de classe, il monte une petite troupe. En 1984, Michel Blanc lui offre son premier rôle au cinéma dans Marche à l’ombre. Puis c’est le tour d’Édouard Molinaro de lui faire confiance dans L’Amour en douce. Tout s’enchaîne. En 1987, La Vieille Dame et l’Africain, série télévisée avec Danielle Darrieux, lui donne l’occasion de dénoncer le racisme à l’écran. Par la suite, il jouera un médecin africain devenu pompiste à Montréal, dans Super sans plomb ; "Joseph Kasa-Vubu", le premier président de la République démocratique du Congo, dans Lumumba de Raoul Peck ; puis il incarne le rôle de "Bouba" dans Comment faire l’amour avec un noir sans se fatiguer, d’après le roman de Dany Laferrière.
Tout à coup, suite à une rencontre avec l’écrivain haïtien Dany Laferrière, il décide de tourner la page française de sa vie pour s’installer en 1989 au Canada. Non pour continuer dans la comédie, mais pour s’intéresser à la politique et devient ainsi, le premier député noir « je suis devenu député d’abord par pur symbole, dit-il. Parce qu’il faut bien que quelqu’un commence, sinon, la porte ne s’ouvrira jamais ». Une audace qui lui vaut aujourd’hui d’entrer dans l’histoire en devenant le premier Canadien d’origine africaine à obtenir un portefeuille ministériel au Québec.
23 septembre 2012, Christophe Lele
Source ; AfriK .com
Un Camerounais nommé ministre au Canada
Publié dans Médias et migration
- Le cinéma et l’histoire des migrations : entretien avec Driss El Yazami
- Inhumation à Casablanca de Azzedine Hedna , « figure marquante de la restauration de Notre-Dame de Paris »
- Rachid Benzine reçoit « Le Grand Prix du Roman Métis 2024 »
- Le regard croisé d'un cinéaste tunisien sur l'immigration et l'émigration
- L’Observatoire du Travail Gouvernemental publie un rapport sur le rôle des MRE