dimanche 24 novembre 2024 11:32

Régularisation de situation d’un immigré clandestin à Oujda

Il y a plus de 10 ans, un jeune nigérian, surnommé OGISTO, quitta son pays, ses parents et tous ceux qu’il chérissait, nourrissant le rêve, à l’instar de milliers de subsahariens africains, de rejoindre « l’ELDORADO européen » en quête d’un cadre de vie décent, d’une vie digne. Après un long périple saharien périlleux, il entra au Maroc via l’Algérie et après avoir versé le droit de ghetto au chair man il s’installa sous le pseudonyme AMADO SAMBA dans un des campements d’infortune à Oujda où vivent quelques 80 immigrés clandestins subsahariens en majorité nigérians (dans des conditions inhumaines). Durant les premières années, il végéta et s’usa, écorché jusqu’au sang, souffrant tout ce qui est humainement possible de souffrir. Mais grâce à ses qualités humaines il a réussi à améliorer ses conditions de vie. Comme il était ouvert, sociable et communicatif, respectueux et respectable, il a tissé de nombreuses amitiés et développé des affinités avec des immigrés avec ou sans papiers et même avec certains marocains. Il a gagné la confiance, le respect et l’estime de son entourage. Les services qu’il rendait aux immigrés clandestins lui assuraient revenus assez importants pour louer un logement à Hay ALQODS, s’acheter de beaux habits et vivre bien. Il connut KATE, elle aussi nigériane et mère d’une fille d’un premier mariage. Il l’épousa ils eurent un enfant et avant son deuxième accouchement, elle réussi à émigrer en Espagne, à Ténériffe aux Iles Comores, où elle accoucha d’un 2ème enfant de OGISTO. Aujourd’hui, elle vit toujours en Espagne avec ces deux filles et son fils. Quant à AMADO SAMBA, surnommé OGISTO il fut victime d’un violent accident de circulation au quartier industriel d’Oujda le 27 février 2012. Au moment où il se rendait à pied au campement de Gala, en compagnie de son ami Vincent, une voiture qui roulait à toute vitesse, l’automobiliste les a violement percutés et s’est enfui. Souffrant de graves blessures, OGISTO fut admis au service de réanimation de l’Hôpital Alfarabi d’Oujda. Son ami nigérian qui ne représentait que quelques légères blessures, fut éloigné à la frontière algéro-marocaine après avoir reçu les premiers soins. Les circonstances de cet accident qui font l’objet de plusieurs versions n’ont jamais été éclaircies. Cet accident selon des amis d’OGISTO et de Vincent, est prémédité et c’est Vincent, qui était visé. Il s’était, explique-t-on, impliqué dans une affaire de trafic de cocaïne. Dès lors, des représentants de l’AMDH ( Association Marocaine du Doit Humain) et de la FOO (Fondation Orient Occident) avec l’aide d’un étudiant tchadien et le soutien du père Joseph de l’église catholique d’Oujda prennent le dossier de OGISTO en ami. On contacta par téléphone ses parents au Nigeria et sa femme Kate en Espagne ainsi que l’Ambassade du Nigéria accrédité à Rabat. Cette équipe volontaire entreprit durant 17 jours plusieurs démarches auprès des services concernés par l’affaire de OGISTO de son vrai nom OSAS JOSHUA. La procédure n’était pas de tout repos. Il a fallu passer par la vindicte publique, la sureté nationale, les autorités sanitaires, le conseil municipal d’Oujda et l’église catholique pour qu’on délivre aux bénévoles le bulletin de décès de OGISTO, décès survenu le 28 février 2012 1h 55 min à l’Hôpital AlFarabi et l’autorisation d’enterrement et d’organisation d’obsèques au cimetière européen d’Oujda appelé communément « Kbour Nsara ». Et c’est dans une ambiance de recueillement qu’eurent lieu, le 20 Mars 2012, les obsèques au cimetière en présence du père Joseph et quelques 100 subsahariens avec et sans papiers ainsi que quelques oujdies amis du défunt. Le cas de OSAS JOSHUA, alias OGISTOS n’est pas unique. D’autres subsahariens gisent au cimetière européen d’Oujda cote à cote d’européens blancs, sans discrimination de race ou de couleur. En somme la situation de OGISTO qui rêvait de la traversée méditerranéenne et rejoindre sa femme, n’a été régularisé qu’après sa mort ; le grand voyage, survenu à Oujda dans un pays de transit, loin de son pays, loin de l’ELDORADO européen, loin de tous ceux qu’il chérit.

13/10/2012, Mohammed ZERHOUDI

Source : oujdacity

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