Abdou souleye Diop, Sénégalais âgé de 43 ans, est arrivé au Maroc lorsqu'il était adolescent. Pour un parcours d'excellence.
Jeune Afrique : Y a-t-il un vade-mecum de la réussite au Maroc ?
Abdou souleye Diop : Il faut une réelle capacité d'adaptation, ce qui n'est pas aisé car les barrières sont nombreuses : la langue, la couleur de la peau et la tentation communautariste. Mon avantage est d'avoir vécu, très jeune, dans de nombreux pays étrangers, dont l'Inde, où mon père a été en poste. Arrivé au Maroc à l'adolescence, je me suis adapté très facilement. Cette précoce intégration m'a permis d'être accepté. Quand vos interlocuteurs se demandent si vous êtes vous aussi marocain parce que vous parlez couramment leur langue, c'est qu'une étape d'intégration a été franchie.
Pourquoi le Maroc séduit-il ?
Le Maroc vit la même situation que les pays européens il y a trente ou quarante ans. Il est en pleine croissance, de nombreux chantiers sont en cours, les besoins de main-d'oeuvre sont élevés... Et, dissuadés par les pays européens de rejoindre leurs côtes, les migrants subsahariens jettent l'ancre ici. Il ne s'agit plus simplement d'une zone de transit, mais d'un pays dans lequel il est possible de trouver du travail. D'autres se laissent également séduire par la proximité du Maroc avec l'Europe et par la perspective d'y trouver, à moindre coût, tous les avantages du monde occidental.
Assiste-t-on à une évolution de l'immigration subsaharienne ?
Le nombre d'étudiants ou de personnes formées qui s'installent au Maroc augmente et le phénomène des naufragés du désert s'estompe. Cependant, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, pour 20 cadres subsahariens expatriés, il y a 2 000 immigrés peu ou pas du tout qualifiés. Plus généralement, de terre d'émigration, le Maroc devient progressivement une terre d'immigration.
9/10/2012, Clarisse Juompan-Yakam
Source : Jeune Afrique