Yannick Danio est gardien de la paix. Délégué national du syndicat majoritaire Unité Police (SGP FO), il fait partie de ces - rares - policiers investis sur la question de l’amélioration des relations entre police et citoyens.
Les policiers abusent-ils des contrôles d'idendité ? Faut-il limiter le recours à cet acte ?
Les contrôles d’identité ont été utilisés pour répondre à la politique du chiffre. Si l'on met fin à cette politique, mécaniquement, on va réduire le nombre de contrôles et les abus éventuels. Ces dernières années, le contrôle d'identité était un des outils utilisés pour remplir les statistiques demandées aux policiers. Car évidemment, plus on fait de contrôles, plus on est susceptible de trouver quelque chose. Les contrôles ont été également un moyen de répondre aux objectifs de 26 000 reconduites à la frontière. Je crois sincèrement que le seul fait de ne plus mettre cette pression du chiffre va changer radicalement la façon de travailler des policiers, et notamment lors des contrôles d'identité.
Les associations dénoncent la façon dont se déroulent ces contrôles, notamment les palpations publiques systématiques sur certaines opérations. Comment doit normalement se dérouler un contrôle ?
Le contrôle d'identité est enseigné à l'école de police, cela fait partie de la formation de base des gardiens de la paix. Le policier doit se présenter comme policier et indiquer qu'il va procéder à un contrôle d'identité. (...) En pratique, on ne donne pas forcément le motif du contrôle. On est rarement là pour discuter. Concernant la palpation, que rien n'interdit, je considère personnellement que, comme les menottes, elle doit être pratiquée uniquement pour des questions de sécurité. Cette palpation de sécurité n'est pas toujours bien perçue par les personnes que l'on contrôle, je le reconnais. S'il s'agit d'un mineur, la procédure est la même, nous sommes simplement tenus "d'agir avec tact" et d'appeler ses parents lorsqu'on l'emmène pour une vérification d'identité.
Pourquoi êtes-vous opposé à la remise d'un récépissé lors des contrôles. Est-il normal que cette procédure ne laisse aucune trace ?
A mon sens, le récépissé, qui est un dispostif lourd et contraignant, n'est pas nécessaire pour en conserver une trace. Car, normalement, si le contrôle est fait dans les règles de l'art, il y a forcément un passage au fichier de la personne contrôlée. Au fichier des personnes recherchées par exemple, ou des véhicules volés s'il s'agit d'un contrôle d'automobiliste. On pourrait très bien imaginer la création d'un outil informatique qui permette de noter ces passages au fichier.
16 octobre 2012, ALICE GÉRAUD
Source : Libération