Les attaques à connotation raciste ont atteint des niveaux alarmants en Grèce et l'action des autorités pour résoudre le problème est insuffisante, estime le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés dans un rapport publié mardi.
Les migrants en provenance d'Afrique ou d'Asie qui essaient d'entrer dans l'Union européenne par la Grèce font face à une hostilité croissante dans un pays victime d'une crise économique sans précédent depuis soixante ans.
Le HCR fait état de 87 attaques racistes répertoriées par les groupes de défense des droits de l'homme entre janvier et septembre 2012 et qualifie ce chiffre d'"exceptionnellement alarmant".
Les véritables chiffres sont sans doute bien plus élevés dans la mesure où les victimes ont souvent trop peur pour porter plainte, précise le HCR.
"Les victimes parlent de zones d'Athènes qui leur sont devenues interdites en raison de la crainte d'attaque", déclare le HRC dans son rapport. "Il est révélateur qu'aucun auteur d'attaque raciste violente n'ait été condamné."
Parmi les attaques plus marquantes figurent le meurtre d'un jeune Irakien poignardé à mort au mois d'août à Athènes.
La plupart des victimes ont été prises à partie dans des lieux publics, sur des places ou dans les transports en commun, la plupart du temps par des groupes d'hommes habillés en noir, le visage parfois dissimulé. Les attaquants utilisent souvent des matraques ou de gros chiens.
La plupart des victimes sont des clandestins sans papiers en provenance d'Afghanistan, du Bangladesh, du Pakistan et de Somalie. Certaines d'entre elles ont signalé que les agresseurs portaient l'insigne du parti d'extrême-droite Aube dorée, entré au Parlement grec lors des législatives du printemps.
"Nous tirons aujourd'hui la sonnette d'alarme parce que la violence raciste et la menace de fascisme se sont étendues et menacent la démocratie", a déclaré Costis Papaioannou, le responsable de la Commission nationale grecque pour les Droits de l’homme.
Le HCR fait état de 15 incidents lors desquels des policiers ont eu recours à la violence durant des contrôles de routine. Le HRC souligne l'absence d'enquête de la police sur ces affaires et dit la police plus intéressée par le fait de savoir si la victime était en situation régulière qu'animée par la volonté d'enquêter sur ces violences.
23 octobre 2012, Karolina Tagaris; Danielle Rouquié pour le service français
Source : Reuters