samedi 2 novembre 2024 18:19

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Un rapport pointe des relents racistes de la campagne électorale 2012

Le cycle électoral 2012 a vu resurgir un discours basé sur des préjugés racistes dont les musulmans ont été les premières victimes, analyse le cercle de réflexion Graines de France, dans un rapport publié mardi. Pour établir un bilan global des campagnes présidentielle et législative, les chercheurs de l'association spécialisée dans les quartiers populaires ont procédé à une analyse quotidienne de la presse écrite et audiovisuelle entre le 1er janvier 2011 et le 17 juin 2012. Il en ressort, selon leur rapport, une "ethnicisation des analyses portées par le monde politique et médiatique", "contribuant à développer un racisme du quotidien", s'appuyant notamment sur "la mise au pilori des étrangers".

Les musulmans ont été les principales victimes de ces discours, selon Graines de France. "Après avoir fait disparaître la figure du Nord-Africain, celle de l'immigré tend à être effacée par une troisième, les 'musulmans'". Sans surprise, les chercheurs soulignent le rôle du Front national dans ce phénomène. Malgré les efforts impulsés par Marine Le Pen pour faire apparaître le FN comme un parti "normal", "le parti revient à ses grilles traditionnelles centrées sur l'Autre, notamment l'étranger et l'immigré, cause de tous les maux". "Que ce soit à travers le thème des prières dans la rue, celui du halal ou la dénonciation des 'intégristes', on retrouve les vieux items qui pointent cependant davantage du doigt les populations issues des migrations venant des pays à majorité musulmane", détaille encore le rapport "Altérité, racisme et xénophobie dans les campagnes présidentielles et législatives de 2012"

"Le FN sort grand gagnant de ces échéances électorales"

En développant ces thème, "le FN est à sa place", analyse pour Sipa Réda Didi, délégué général de Graines de France, qui pointe d'autres responsables dans l'émergence de ces discours stigmatisants. Au premier rang desquels l'UMP, qui, "pour des raisons de stratégie électorale, a relayé des discours mettant à mal l'altérité", juge-t-il. "Sur les conseils du Patrick Buisson, issu de la droite maurassienne", la campagne 2012 de Sarkozy est marquée "par un indéniable glissement vers les thèmes, la rhétorique et les obsessions du parti d'extrême droite, qu'il s'agisse de l'identité nationale, de la lutte contre l'immigration, de la protection des frontières", relève le rapport. Or, la volonté affichée par le candidat UMP, pour justifier cette droitisation, de siphonner le FN, n'a pas fonctionné, insiste Graines de France: "Non seulement il n'a pas laminé Marine Le Pen mais celle-ci a presque doublé le score de son père en 2007".

Résultat, estime le collectif, "le FN sort grand gagnant de ces échéances électorales: après avoir perdu une importante partie de son électorat en 2007, il le regagne en même temps qu'il voit l'UMP converger vers lui par le choix de ses thèmes". De son côté, "la gauche n'a jamais tenté de dégoupiller ces analyses", détaille Réda Didi. "Le PS réagit mais n'impose plus de discours pédagogique pour déconstruire les analyses de l'extrême droite sur ces sujets". í€ cet égard, le rapport note une seule initiative du PS: "proposer la suppression du mot race dans la Constitution".

"Le problème, c'est que la victoire de François Hollande n'a pas effacé ces discours", insiste Réda Didi. "Les graines semées pendant la campagne demeurent". Et le rapport de conclure: "la victoire de la gauche et la défaite de la stratégie droitière ne doivent pas faire croire que la question du racisme et de la xénophobie est un enjeu du passé. L'agenda politique a été encore en grande partie impulsé par le FN sur ces thématiques".

30/10/2012

Source : AP

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