Dans le cadre de son programme d’action au titre de l’année 2012, le Réseau des compétences germano-marocain (DMK) organisera, du 3 au 9 novembre 2012, un forum sous le thème «Ensemble pour le développement de la région Marrakech-Tensift-Al Haouz» avec plus d’une trentaine d’expertes et d’experts dans les domaines de l’environnement, des énergies renouvelables, de la médecine, des technologies de l’information, de l’automobile, de l’économie sociale, de la jeunesse etdu travail associatif.
La présidente du DMK nous a accordé un entretien pour faire le point sur les actions du Réseau.
Libé : Pouvez-vous nous parler des objectifs du Réseau des compétences marocaines en Allemagne ?
Soraya Moket : L'objectif du réseau DMK est de soutenir l’intégration des citoyens d’origine marocaine dans leur pays d’accueil et aussi de canaliser les énergies en faveur d’un développement durable au Maroc. En effet, depuis quelques années, il y a une grande importance consacrée aux potentiels de la migration pour le développement des pays d'origine. Ce qui ne se limite pas seulement aux transferts financiers des migrants à leurs familles, mais aussi à l'engagement humanitaire, l'investissement et le transfert de savoir-faire. L'éducation et la connaissance sont devenues, avec la mondialisation et la croissance des réseaux internationaux, une ressource cruciale pour la compétitivité internationale et politique et le développement économique et social.
Quel rôle joue votre Réseau dans la coopération entre le Maroc et l’Allemagne ?
Le Réseau des compétences germano-marocain regroupe des experts, hommes et femmes, d’origine marocaine, nés ou installés en Allemagne de longue date. Les membres du Réseau, aujourd’hui 750, appartiennent à différentes branches d’activités professionnelles : technologies de l’information et de la communication, industrie automobile, recherche, enseignement, éducation, professions libérales. Ces expert(e)s travaillant à titre bénévole se sont donnés pour tâche de mettre leur engagement au service du développement de projets socioéconomiques, scientifiques, culturels et artistiques ainsi que de projets dans le domaine de la santé et des énergies renouvelables, de même qu’ils envisagent d’appuyer activement leur mise en oeuvre. C’est dans cette perspective que l’Association a réparti ses activités au sein de douze groupes de travail avec chacun une thématique centrale. Les sujets se rapportent aussi bien aux énergies renouvelables, à l’environnement, la médecine, la recherche et l’enseignement, qu’au domaine de la jeunesse, aux aspects sociaux et culturels ainsi qu’à la musique et à l’art. Ces projets, en particulier ceux cités en dernier, s’adressent également aux citoyennes et citoyens d’origine marocaine vivant en Allemagne et contribuent ainsi au renforcement de leur intégration et à l’affirmation de leur double identité dans le pays d’accueil, mais aussi de créer des passerelles pour un dialogue des cultures.
Quel regard portez-vous sur l’immigration marocaine établie à l’étranger ? Est-ce qu’elle joue un rôle pour le développement ou est-ce une source d’appauvrissement du pays d’origine? Comment voyez-vous la situation des Marocains établis en Allemagne et leurs rapports avec leurs régions d’origine?
Pour accompagner la mise en œuvre de ces réformes, le Maroc est appelé à mobiliser toutes ses compétences humaines et à disposer d’instruments en matière de recherche-développement, d’ingénierie et d’innovation.
La mobilisation des compétences humaines résidant à l’étranger est une condition nécessaire pour renforcer les capacités du Maroc dans tous les domaines et contribuer à apporter des solutions à ses problèmes spécifiques et à relever les défis de la mondialisation.
Pour le Maroc, la Communauté des Marocains résidant à l’étranger constitue une richesse fondamentale. Cette richesse est d’abord et avant tout humaine, car c’est aussi de l’enrichissement mutuel des différentes cultures et expériences que participe le développement humain.
Eu égard au grand intérêt que porte Sa Majesté le Roi Mohammed VI aux citoyens marocains établis à l'étranger, et à ses orientations pour les impliquer pleinement dans la réussite du projet sociétal moderne et démocratique, le gouvernement marocain a mis en place une stratégie ambitieuse destinée à mobiliser la diaspora marocaine afin qu’elle puisse contribuer au processus de développement national.
C’est dans ce but que DMK s’engage à canaliser et mettre à profit les compétences et expériences professionnelles diverses des experts d’origine marocaine vivant en Allemagne. L’équipe interdisciplinaire, qui anime le Réseau, ambitionne également de participer à l’organisation de campagnes de marketing de l’industrie allemande et des établissements d’enseignement supérieur au Maroc et ce, par le biais de conférences et de transfert de savoir, ce qui lui permettra ainsi d’ouvrir la voie au développement de réseaux des compétences.
La présence des Marocains en Allemagne date depuis un demi-siècle. Quel bilan faites-vous de cette présence aujourd’hui ?
Un bilan positif et riche. C‘est dans l’intention de faire connaître cette immigration dans la pluralité de ses générations, la célébration de ce cinquantenaire permet en premier lieu de souligner les bienfaits de l’immigration marocaine pour l’économie et la société allemandes et aussi de reconnaître dans ce contexte les efforts fournis par la première génération.
De même qu’il s’agira de souligner le rôle de la femme, de documenter l’apport de cette immigration et d’intensifier la coopération entre le Maroc comme pays d’origine et l’Allemagne comme pays d’accueil.
Quels sont les projets futurs que vous préparez avec le Maroc ?
Le programme de mentorat, lancé par les membres du DMK, en faveur des étudiants marocains inscrits dans les universités allemandes, va être mis au point au cours de l'année. Cette initiative de parrainage individuel a été également adoptée pour des adolescents de Rhénanie du Nord-Westphalie et la Hesse, afin de les orienter, les conseiller et les motiver au cours de leur scolarité.
D'autre part, un opéra-pastiche sur la légende d'Isli et Tislit en trois langues (amazigh, allemand et arabe), fusionnant musique de Mozart et musique berbère, est en cours de réalisation.
Les projets dans le domaine du transfert de technologie ont concerné cette année aussi bien les technologies de l'information que celles de l'automobile. Avec le don de moteurs BMW à l'Ecole Mohammedia des ingénieurs et au lycée technique de Kénitra, les étudiants seront initiés aux nouvelles technologies relatives à la motorisation des voitures.
On prévoit également l’initiation d'une coopération maroco-allemande pour la formation dans les énergies renouvelables. La coopération envisagée devra développer un concept similaire à celui du système de formation dual allemand, dans lequel les entreprises allemandes et les sociétés marocaines participeront activement dans la formation
Le développement de la région Marrakech-Tensift-Al Haouz est un projet dont la finalité réside dans la mise en place d’une stratégie permettant le transfert des expériences et des savoir-faire technologiques de nos professionnels dans ces divers domaines d’activités vers le Maroc. Ce savoir s’inscrit d’une part dans l’accompagnement des réformes majeures et de mise à niveau touchant les domaines politique et économique.
En 1963, les accords bilatéraux entre la République fédérale d’Allemagne et le Royaume du Maroc visant le recrutement des travailleurs immigrés marocains ont été signés. Nous souhaitons saisir l’occasion du 50ème anniversaire pour présenter :
- Un ouvrage sur la migration marocaine et son intégration en Allemagne à un large public. Les contributions seront apportées par des chercheurs de renommée internationale mais aussi par de jeunes chercheurs en vue d’encourager ces derniers à s’y intéresser davantage. Cet ouvrage sera publié en novembre 2013
- Un ouvrage des portraits d’immigration
- Une caravane culturelle en Allemagne comportant les activités suivantes :
Poésie et littérature, théâtre et contes pour les enfants, festival du film marocain, portrait du Maroc, musique et concert, artisanat et traditions.
- Débat, colloques ou rencontres: politique d‘intégration, promotion d’une coopération maroco-allemande, contribution au développement dans le pays d’accueil et dans le pays d’origine.
3 Novembre 2012, Youssef Lahlali
Source : Libération