Des milliers de nationalistes vêtus de noir ont défilé dimanche dans le centre de Moscou pour appeler à la fin du pouvoir de Vladimir Poutine et exprimer leur hostilité aux minorités ethniques à l'occasion de la "journée de l'Unité nationale", créée par le président russe.
Vladimir Poutine a décrété ce jour férié en 2005 pour remplacer la célébration annuelle de la Révolution bolchévique qui avait cours sous l'ère soviétique. La fête de l'Unité nationale commémore le soulèvement des Moscovites contre l'occupation polonaise et lituanienne il y a 400 ans, en 1612.
Mais les militants des droits de l'homme estiment que les propres affinités de Vladimir Poutine avec le nationalisme ethnique ont alimenté la montée de la violence d'extrême-droite et sont en partie responsables du détournement de la célébration du 4 novembre par des militants radicaux.
Les manifestants, pour la plupart des hommes jeunes aux cheveux ras et portant des vestes en cuir, criaient "La Russie sans Poutine" ou chantaient des slogans anti-immigration tels que "La Russie aux Russes" en brandissant des icônes orthodoxes et des drapeaux impériaux.
Selon la police, 6.000 personnes ont envahi les rues de Moscou sous un ciel gris pour participer à la manifestation d'extrême-droite qui, pour la première fois, a été autorisé à se tenir dans le centre de la capitale.
En dehors de Moscou, la police a indiqué qu'elle avait placé en détention 90 personnes qui essayaient de tenir un rassemblement non autorisé dans la ville de Ekaterinbourg, dans l'Oural, 50 autres à Kazan, à 800 km à l'est de Moscou, et 40 à Nijni Novgorod, à environ 430 km au nord-est de la capitale.
Beaucoup des manifestants moscovites exprimaient des sentiments d'hostilité à l'égard des immigrés originaires des régions majoritairement musulmanes du sud de la Russie et d'autres parties de l'ex-URSS, arguant que la Russie devait durcir les conditions d'obtention de ses visas et renforcer les restrictions nationales à l'égard de l'immigration interne.
Vladimir Poutine a largement contribué à encourager, dès son accession au pouvoir, les sentiments nationalistes afin de combler le vide idéologique laissé par l'effondrement du pouvoir communiste en 1991. Il a défendu au cours de ses deux premiers mandats de président, de 2000 à 2008, l'image d'une Russie renaissante, enhardie par ses revenus pétroliers en plein essor.
Mais les nationalistes russes se sentent aujourd'hui trahis par l'ouverture du pays aux ouvriers immigrés et l'envoi de milliards de dollars de subventions à destination des régions du Nord-Caucase à majorité musulmane.
4 novembre 2012, Anastasia Gorelova et Alissa de Carbonnel
Source : Reuters