samedi 2 novembre 2024 20:26

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Africains, nous sommes!

Imaginons le titre de presse suivant en Espagne ou en France: “Le péril marocain”. Des milliers de Marocains clandestins en Espagne. Ils vivent de mendicité, s’adonnent au trafic de drogue et à la prostitution. Ils font l’objet de racisme et de xénophobie. Ils posent un problème humain et sécuritaire pour le pays.

On peut facilement imaginer que la classe politique, les ONG, les intellectuels et la presse marocaine seraient scandalisés et dénonceraient le caractère raciste de ces propos.

Comment peut-on alors accepter la Une de Maroc Hebdo du 2 novembre, aussi bien au niveau de son titre que dans le style adopté par l’article, qui conduit malheureusement à une stigmatisation de toute la communauté africaine vivant au Maroc.

Mohammed Selhami, journaliste et rédacteur en chef de l'hebdomadaire a un parcours exemplaire et ne peut pas être qualifié de raciste. Le journaliste Abdelhak Najib, auteur de l’article, est certainement loin de l’être, et a bien précisé en préambule, que son article traitait des milliers de Subsahariens clandestins au Maroc.

Malheureusement, le contenu de l’article conduit inéluctablement à la stigmatisation de toute la communauté africaine au Maroc, ne serait-ce que par le choix du titre qui évoque un “péril noir” et fait référence aux propos des plus grands racistes des milieux d’extrême droite en Europe.

De plus, en évoquant de manière générale les crimes dont sont responsables certains clandestins, sans prendre les précautions d’usage en ramenant ces incidents à leur juste mesure, l’article tombe dans des propos xénophobes insupportables.

On apprend ainsi qu’ils vivent de la charité dans tous les coins des rues et devant les mosquées. Qu’ils pratiquent des petits boulots. Qu’ils acceptent n’importe quel travail. Qu’il est impossible de distinguer le Nigérian du Ghanéen ou le Congolais du Sénégalais. Sans oublier qu’ils prennent le boulot des Marocains, que les patrons préfèrent cette main d’œuvre bon marché... Et que grâce aux vols low-cost, la destination Maroc leur est devenue abordable.

Merci pour l'info, mais il n'existe aucune compagnie low-cost qui assure des liaisons entre le Maroc et les pays subsahariens.

L'auteur a beau préciser que ces clandestins sont dans certains cas l’objet de racisme, il ne fait que s’enfoncer en affirmant que ce serait pratiquement de leur faute parce qu’ils ont du mal à s’insérer dans le tissu social marocain.

Non, franchement, notre confrère Maroc Hebdo devrait rejeter son article, ou le rédiger autrement.

Rappelons par ailleurs qu'au-delà du fait que notre pays se trouve en Afrique, 15 à 20% des Marocains sont d’origine africaine subsaharienne, selon le Haut Commissariat au Plan (HCP), ce qui représente environ 5 millions de citoyens marocains.

04/11/2012, Abdelhaq Sedrati (Edito.)

Source : Afait

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