Un jeune Bangladais fouillait les poubelles à Athènes un après-midi à la recherche de morceaux de métal lorsque deux femmes et un homme se sont jetés sur lui avec un couteau. La cuisse entaillée, l'homme de 28 ans a été emmené à l'hô pital. La police grecque, qui a ouvert une enquête, est préoccupée par la mutiplication des agressions d'étrangers dans un pays qui s'enfonce dans la crise.
Si les détails varient d'une affaire à l'autre, la brutalité des attaques est toujours la même: des immigrés présumés, à la peau sombre, sont agressés par des voyous, blessés au couteau ou au tesson de bouteille, à la batte en bois ou à la matraque en fer.
Les associations de défense des droits ont donné l'alerte sur la hausse de la violence raciste cette dernière année. Celle-ci est encore plus aiguë depuis les élections de mai et juin qui ont vu le parti d'extrême droite Aube dorée récolter de très bons résultats, passant de moins de 0,5% en 2009 à près de 7% en juin. La gravité des attaques a également augmenté, soulignent-ils, expliquant que les passages à tabac sont aujourd'hui perpétrés avec des barres de métal, des battes et des couteaux. Les agresseurs, dernièrement, agissent avec des chiens féroces pour terroriser les victimes.
Violence sauvage
"La violence est de plus en plus sauvage et nous avons encore le même type d'attaques, commises par des groupes de personnes d'une façon assez organisée", a déclaré Kostis Papaioannou, ancien responsable du Comité national grec pour les droits de l'Homme.
Alors que la Grèce traverse une crise aiguë pour la troisième année et que son économie est en récession pour la sixième, les conditions de vie se détériorent. Un quart des actifs sont au chô mage et plus d'un jeune sur deux cherche du travail. Un nombre croissant de Grecs ne peut plus se payer de soins de santé, ni couvrir ses besoins de base. Les vols et les cambriolages sont monnaie courante. La Grèce étant une porte d'entrée pour les centaines de milliers de clandestins qui cherchent une vie meilleure en Europe, les étrangers sont devenus des boucs émissaires faciles.
Certaines victimes racontent des agressions proches du lynchage. "Chaque jour, nous voyons quelqu'un qui se plaint de violence raciste", déclare Nikitas Kanakis, président de la branche grecque de Médecins du monde, qui gère une clinique et une pharmacie dans le centre d'Athènes pour accueillir les personnes ne bénéficiant pas d'assurance santé.
Une centaine d'attaques
Les agressions racistes ne sont pas enregistrées en tant que telles, ce qui rend difficile la publication de statistiques précises. Pour sensibiliser la population, plusieurs organisations caritatives ou de défense des droits se sont réunies pour suivre le phénomène. Elles ont recensé 87 affaires d'attaques racistes entre janvier et septembre, mais estiment que le vrai chiffre dépasse la centaine.
"La plupart du temps, les victimes ne veulent pas parler de ça, elles ne se sentent pas en sécurité", explique Nikitas Kanakis. "La peur est présente, et c'est le principal problème."
Frances William, à la tête d'une petite communauté tanzanienne de 250 personnes environ, connaît bien ce sentiment. "Les gens sont très, très effrayés", déclare-t-il. Le centre culturel de la communauté a été attaqué il y a plusieurs semaines. Une vidéo amateur montre un groupe d'hommes musclés en T-shirt noir en train de détruire l'entrée. Selon Frances William, ce jour-là, un peu plus tô t, des enfants qui se trouvaient devant lors d'une fête d'anniversaire avaient été menacés par un homme brandissant un pistolet.
Aube dorée nie tout rôle
Le parti d'extrême droite Aube dorée, qui avait fait campagne sur la promesse de "nettoyer la puanteur" en Grèce, est clair quant au sort des immigrés: tous les clandestins doivent être expulsés, les frontières doivent être protégées par des mines antipersonnel et des patrouilles militaires, et tout Grec employant ou louant un lieu à des immigrés doit être puni.
Pour autant, Aube dorée nie avec force être impliqué dans des attaques racistes. "Les seules attaques racistes qui existent en Grèce ces dernières années sont les attaques des migrants illégaux contre les Grecs", déclare Ilias Panagiotaros, élu du parti nationaliste qui partage son temps entre le Parlement et son magasin d'articles de sport, et qui vend aussi du matériel militaire ou policier.
Les organisations de défense soulignent que ce qui a commencé comme des attaques xénophobes s'étend désormais à tous ceux qui pourraient s'opposer au point de vue de l'extrême droite. Pour Nikitas Kanakis, la société grecque doit comprendre que la question ne concerne pas que les immigrés. "Cela a à voir avec nous tous", prévient-il. "C'est un problème pour la démocratie de tous les jours."
12/11/2012
Source : AP
Cette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.
De plus en plus d'attaques racistes dans les rues d'Athènes
Publié dans Médias et migration
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