dimanche 24 novembre 2024 13:11

Immigration : les idées reçues mises au pilori

Le poids de l’immigration sur l’économie française : un sujet toujours très polémique. Quatre spécialistes répondent, chiffres à l'appui, sur quelques préjugés.
 «La France accueille massivement des immigrés». Faux. répondent El Mouhoub Mouhoud et Jean-Christophe Dumont. La France se classe à la 4e place parmi les pays de l’OCDE les plus fermés en matière d’immigration, derrière le Japon, la Russie et l’Allemagne. L’accueil d’immigrés se situe entre 160.000 et 180.000 personnes par an.
«L’immigration se fait avant tout des pays du Sud vers le Nord».
Effectivement, près de la moitié des migrations internationales vont des pays du Sud vers les pays du Nord. Mais selon El Mouhoub Mouhond, «le reste se dirige vers d’autres pays du Sud, dont 80% se fait entre pays frontaliers».
«La France accueille la misère du monde».
En réalité, immigrer à l’international coûte cher. Les pays les plus pauvres affichent des taux d’immigration très faibles, ce qui rend le déplacement inabordable pour leurs ressortissants. Ce qui n’est pas le cas « des pays à revenus intermédiaires », qui eux, subissent le phénomène de « fuite des cerveaux ». Il y a plus de travailleurs qualifiés qui migrent que de travailleurs non qualifiés.
«Ce sont les hommes qui immigrent».
Cette tendance des trente dernières années est en train de s’inverser. En 1960, elles étaient 46,8% des migrants. En 2005, elles représentaient près de 50% des flux de migration, selon les données des Nations Unies. Ces dernières sont sur-représentées parmi les hautement qualifiés.
«Les immigrés envoient l’argent gagné dans le pays d’accueil vers leur pays d’origine».
La secrétaire générale du FORIM, Kadhy Sakho Niang, confirme que cela a longtemps été une réalité, mais « le migrant qui aide la famille au pays est une espèce en voie de disparition. » En Afrique Subsaharienne notamment, la société évolue. Aujourd’hui, les jeunes quittent volontairement leur pays, et n’hésitent pas à couper les liens avec leur famille. Ce qui va être problématique dans les années à venir pour certains pays très dépendants de ce système. Pour beaucoup, c’est devenu la première source d’entrée des capitaux. D’un côté, ces transferts ce fonds sont positifs car ils augmentent les revenus des ménages, améliorent le niveau de vie, de santé et d’éducation. De l’autre, les inégalités sociales se creusent, l’inflation et les prix de l’immobilier sont en hausse.
«Les étrangers s’accaparent le travail des Français».
Selon Jean-Christophe Dumont, «l’immigration de travail en France est très faible par rapport aux autres pays de l’OCDE ». Le nombre de permis de travail accordé est négligeable. La plupart des migrants entrent au titre du regroupement familial. « Ce sont les vagues successives d’immigrés qui sont en concurrence entre elles sur le marché du travail, et non avec les Français d’origine », explique Lionel Ragot.
« Les immigrés nous coûtent cher ».
En France, l’immigration est perçue comme un fardeau pour les finances publiques. L’immigré est considéré comme pauvre, au chômage et ayant beaucoup d’enfants. Il paie moins d’impôts et reçoit plus de prestations sociales que la majorité des Français. Cette image est vérifiée, mais « les 25-55 ans, qui représentent 55% des immigrés en France, rapportent 4 milliards d’euros à l’administration», affirme Lionel Ragot.
13/11/2012, Marie-Caroline Carrère et Elsa Ponchon
Source : Les Echs

Google+ Google+