La publication mardi de la prochaine une de "L’Express", sur le coût de l’immigration, a suscité un flot de réactions sur Internet, y compris au sein de la rédaction du magazine.
Mardi, comme à son habitude, le directeur de la rédaction de L’Express Christophe Barbier a posté sur son compte twitter la une de l’hebdomadaire à paraître jeudi.
En titre principal, on lit Le vrai coût de l’immigration, avec en arrière-plan, une photo d’une femme voilée entrant dans une Caisse d’allocations familiales. Sur son tweet, Christophe Barbier précise la conclusion principale du dossier : "Les immigrés sont un atout économique et ne creusent pas les déficits sociaux".
Pourtant, immédiatement, les réactions pleuvent. Ainsi, Alexandre Léchenet, journaliste au Monde.fr s'interroge sur Twitter : "Mais pourquoi faire une Une qui dit l’inverse ?" Sened, internaute, renchérit: "Pourquoi, alors, titrer "le vrai coût" et pas "Les bénéfices" ou "ce que rapporte" ?", etc.
Réunion interne jeudi sur "la politique de une"
Le malaise n’est pas simplement sur la toile. Dans la rédaction, "les gens ont été surpris au minimum", explique à BFMTV.com Eric Mettout, directeur adjoint de la rédaction. "Certains ont été plus ou moins affectés car la une peut être perçue de manière assez différente du contenu du dossier".
Dans son édito quotidien, Christophe Barbier a justifié sa position. Mais à la demande de l’association de la Société des journalistes de L’Express, une réunion interne doit se tenir jeudi matin "pour que le débat puisse s’engager au sein de la rédaction entre les journalistes et Christophe Barbier sur sa politique de une", confie également Philippe Bidalon, président de la SDJ.
"Barbier ne s'est pas caché pour faire cette une"
Alors Christophe Barbier a-t-il pris seul la décision de faire une telle une ? Sur Twitter, plusieurs internautes ont été déconcertés par le message posté par Eric Mettout, sur son compte personnel. Il indiquait avoir "découvert la une en même temps" que tout le monde. "C’est de l’ironie", tweetait mardi soir le chroniqueur web du Grand Journal,
Vincent Glad.
Pourtant, le directeur adjoint l'a bien découvert après sa validation, "comme c’est très souvent le cas", nous explique-t-il. "La une est le travail de Christophe Barbier, c’est lui qui en a la responsabilité et assure le "final cut". Il ne s’est pas du tout caché pour faire cette une, tout s'est déroulé comme d'habitude. Moi, mon travail se fait essentiellement sur le web…", explique Eric Mettout.
Ce dernier reconnaît que cette couverture peut prêter à confusion. "Il y a une ambiguïté. Le dossier parle du rapport de l’immigration aux prestations sociales. Là, où je suis très fier, c’est que notre enquête apporte une réponse claire, qui va à contre-courant de la pensée générale : non, l’immigration ne creuse pas les déficits sociaux."
Selon lui, "une couverture est un outil marketing. Elle pose des questions mais n’y répond pas. C’est le contenu du magazine qui apporte les réponses. Quand je lis sur Twitter des dérapages incroyables de certains internautes comparant L’Express à Minute (hebdo d’extrême droite, ndlr), je suis outré. Minute n’aurait pas titré sur Le vrai coût de l’immigration, mais aurait mis quelque chose comme Les immigrés nous coûtent du pognon, dehors !
14/11/2012, Alexandra Gonzalez
Source : BFMTV