Maintenant que le vote latino est devenu si important, c’est une véritable course a l’échalote qui vient de s’engager entre démocrates et républicains pour relancer la reforme de l’immigration. Barack Obama a pris les devants mercredi lors de sa première conférence de presse depuis sa réélection, en annonçant qu’il espérait présenter un projet de loi au Congrès fin janvier.
Obama a demandé aux parlementaires de trouver un compromis "qui mettrait de côté la politique politicienne". Il a aussi rappelé que l’immigration était un sujet que “le président Bush et (le sénateur) John McCain” avaient essayé de résoudre dans le passé. “Nous devons maintenant profiter de l’occasion”.
Les républicains ont laissé entendre qu’ils seraient plus flexibles à ce sujet, depuis que les élections ont montré que les électeurs hispaniques avaient voté en masse (71%) pour les démocrates. Est-ce un début de consensus? Fin 2010 les conservateurs avaient fait échouer le Dream Act, le projet qui aurait régularisé les enfants arrivés tout jeunes aux Etats-Unis.
« Je m'attends à ce qu'un projet de loi soit introduit et que nous entamions le processus au Congrès, très vite après mon investiture » prévue le 20 janvier a précisé M. Obama en évoquant « certaines conversations qui commencent à prendre forme entre sénateurs, représentants au Congrès et mon équipe ».
La réforme devrait permettre aux 11 millions de clandestins « qui sont venus ici travailler et n’ont pas d’antécédents criminels » de légaliser leur situation. Ils devront aussi « payer leurs arriérés d’impôts » a précisé le président.
Deux sénateurs sont déjà à l’œuvre : Chuck Schumer, démocrate de New York, et Lindsey Graham, républicain de Caroline du Sud. «L’auto-expulsion n’est pas une solution», a déclaré ce dernier, en prenant ses distances vis-à-vis des mesures prônées durant la campagne par Mitt Romney. « Le parti républicain a compris que maintenir une position anti-immigrants n’est politiquement pas viable », à ajouté M. Schumer.
La réforme ne sera pas “une loi de 3.000 pages” a déclaré le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, John Boehner, mais une “approche graduelle visant à sécuriser nos frontières et réparer le système d’immigration ».
Selon un sondage du Washington Post, 57% des américains sont maintenant favorables à une reforme migratoire. La dernière date de 1986. Le président Ronald Reagan régularisa alors trois millions de sans papiers ; George Bush, essuya deux échecs, en 2004 et 2007, lorsqu’il proposa d’amnistier la plupart des clandestins.
16/11/2012, Isabelle Piquer
Source : Le Monde
Washington s’attaque à la reforme migratoire
Publié dans Médias et migration
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