Un centre de consultation juridique pour les aides familiales résidantes venues de l'étranger verra le jour dès le mois de janvier, grâce à Juripop, à l'Association des aides familiales du Québec (AAFQ) et à l'Union des employés de service (UES-FTQ), a-t-on appris mardi.
Plusieurs centaines de femmes d'origines diverses sont admises chaque année au Québec dans le cadre du Programme des aides familiales résidantes (PAFR). Mais le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) leur impose plusieurs conditions de séjour. Elles doivent notamment avoir un permis de travail qui les lie exclusivement à un employeur, chez qui elles sont en outre obligées de vivre.
Peu de ressources
«La possibilité réelle de dénoncer un abus est encore faible», croit Marc-Antoine Cloutier, fondateur et directeur de la l'organisme Juripop. Les aides familiales n'ont en effet pas accès à l'aide sociale ni à l'aide juridique en raison de leur statut, et elles n'ont souvent pas non plus les moyens de payer un avocat au plein tarif. De plus, parce qu'elles vivent chez leur employeur, les organismes d'aide ont du mal à les rejoindre.
Deux samedis par mois, Juripop mettra donc ses avocats à la disposition des aides familiales. Ils pourront ensuite représenter les aides familiales résidantes de façon bénévole, ou à coût modique, pour les questions de droit du travail. «Ils vont ouvrir les dossiers pour elles, en bonne et due forme», dit M. Cloutier. Les consultations débuteront le premier samedi du mois de janvier.
Juripop et l'AAFQ demandent aussi à Québec de modifier les contraintes liées au statut d'immigration de ces travailleuses temporaires et envisagent, en cas de refus, de se tourner vers les tribunaux au cours de l'année prochaine. «On forme un comité pour évaluer toutes les possibilités, poursuit M. Cloutier. On veut aussi proposer un projet de loi à la ministre de l'Immigration. On présume de la bonne foi du gouvernement et de son ouverture.»
Discrimination
Ce n'est pas la première fois que le programme d'immigration des aides familiales résidantes est critiqué. Dans un avis rendu en février dernier, la Commission des droits de la personne a ainsi estimé que ces femmes sont victimes d'une discrimination systémique en raison de leur origine ethnique, de leur profession et de leur sexe. Parce qu'il limite les droits des travailleurs temporaires étrangers, qui sont près de 20 000 chaque année dans la province, le système d'immigration québécois viole les principes de la Charte québécoise, selon la Commission.
«Il y a urgence d'agir, estime M. Cloutier. Les cas que j'ai pu voir jusqu'à présent sont assez incroyables. Ce n'est peut-être pas le cas de tous les employeurs, mais il y a des histoires d'agressions sexuelles, physiques, verbales... C'est pratiquement de l'esclavage moderne.»
28 novembre 2012, Anabelle Nicoud
Source : Radio Canada