dimanche 24 novembre 2024 15:13

Canada : des milliers d'immigrants dans l'attente après la fermeture d'un bureau à Buffalo

Entre énervement et découragement, ils multiplient les appels à l'aide sur Facebook. Ils, ce sont les « oubliés de Buffalo », comme plusieurs d'entre eux se sont baptisés. Des immigrants vivant au Canada qui voient le délai de leurs demandes exploser depuis que leurs dossiers ont été transférés de Buffalo, aux États-Unis, à Ottawa.

Le gouvernement a décidé de fermer en mai dernier le Consulat du Canada à Buffalo qui s'occupait entre autres des immigrants vivant déjà au Canada. Deux mois plus tard, 9508 demandes de résidence permanente et 700 demandes de résidence temporaire ont été transférées à un centre de traitement pilote dans la capitale.

Les personnes touchées devront s'armer de patience : les dossiers seront traités d'ici à l'été 2013, déclare Citoyenneté et Immigration Canada (CIC).

Aucune nouvelle depuis mai 2011

Nathalie Ferreras, avocate en droit des affaires internationales à Québec, fait partie du lot. Elle est arrivée avec son mari et ses deux enfants en 2010 dans le cadre du Programme Vacances Travail (PVT). Ce programme suscite l'engouement des jeunes Français, comme nous le rapportions samedi. Ses premiers mois lui ont plus, elle a décidé de rester et a donc envoyé sa demande de résidence permanente en mai 2011. Depuis, rien.

« Ils pourraient aller plus vite pour ceux qui ont été sélectionnés par le Québec », fait-elle remarquer. En effet, le gouvernement fédéral ne fait que vérifier les antécédents judiciaires et médicaux pour les immigrants choisis par la province.

En attendant, elle bénéficie d'une mesure palliative pour plusieurs immigrants au Québec qui exempte son employeur de devoir prouver à chaque renouvellement qu'elle n'exerce pas un emploi qu'un travailleur canadien pourrait occuper. Mais elle doit renouveler ses papiers tous les trois mois et a ainsi dépensé plus de 5000 $ en frais de visas pour sa famille, frais de résidence permanente inclus. Sans compter les délais de carence pour les prestations gouvernementales, dont l'assurance-maladie.

Elle ignore tout du traitement de son dossier, puisque CIC ne lui a pas envoyé de numéro de dossier. Elle ne peut donc pas faire de suivi. Le gouvernement a par contre encaissé son paiement dès le début. « Tout est une question de priorité », note-t-elle au passage.

Plusieurs ne peuvent plus travailler

Idem pour Loic Kerbrat, lui aussi arrivé en PVT, qui travaillait en tant que psychoéducateur en centres de la petite enfance (CPE). Il a aussi envoyé sa demande à Buffalo en mai 2011. Entre temps, il a perdu son statut de travailleur et vit sur ses économies depuis six mois.

« Si je n'ai rien en janvier, je vais devoir rentrer en France. C'est rageant. » — Loïc Kerbrat

Et impossible d'obtenir une réponse : « Je suis resté une dizaine de fois des heures durant à essayer de les joindre par téléphone, en vain ».

D'autres cas nous ont été signalés, qu'ils soient d'origine algérienne, camerounaise, française ou iranienne.

Un traitement « normal »

Le dossier a rebondi à la Chambre des communes vendredi dernier. « Le ministre va-t-il enfin prendre ses responsabilités? Dévoiler combien de personnes sont touchées par la fermeture du bureau de visas de Buffalo. Et va-t-il enfin agir pour régler la situation? », a demandé Sadia Groguhé, député et porte-parole adjointe en matière d'immigration du Nouveau Parti démocratique.

Le ministre de l'Immigration, Jason Kenney, lui a répondu que « les fonctionnaires traitent ces demandes de manière efficace ». Et d'ajouter : « C'est une de nos mesures d'efficacité pour les contribuables ».

« Le ministère est en mesure de traiter ces demandes de façon normale. Si les gens veulent des informations sur le statut de leur demande, ils doivent contacter le ministère ». » — Jason Kenney, ministre de l'Immigration

Ottawa assure que les délais seront plus courts qu'avant la fermeture du bureau de Buffalo pour les nouvelles demandes de résidents permanents des immigrants présents au Canada. CIC évoque un délai d'attente de neuf mois.

De son côté, M. Kerbrat a pris le ministre au mot et a essayé d'appeler CIC. Verdict : « Ça marche toujours pas ». Radio-Canada rapportait d'ailleurs récemment d'importantes difficultés pour joindre CIC.

2 décembre 2012,  Florent Daudens Twitter 

Source : Radio-Canada

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