lundi 4 novembre 2024 19:02

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"Italiens, quand les émigrés c'était nous"

Leurs maisons sont sales. Leurs voix sont désagréables, sans parler de leur odeur ! D'ailleurs ils font beaucoup d'enfants, qu'ils peinent à nourrir. Ils sont violents et ils violent nos femmes, tout ça, parce que nos politiques n'ont pas su les retenir. Il faut les contrôler et les rapatrier en masse !". Ces mots, rappelés jeudi soir par Rocco Femia, lors de sa conférence sur l'immigration italienne, ont été écrits dans les années 1900. Ce qui frappe, c'est qu'ils n'ont pris aucune ride. La cible, qu'étaient ces "sales ritals, ces voleurs de pain des Français" a, pour l'essentiel, basculé vers les pays du Maghreb. L'immigration italienne c'est 30 millions de personnes qui, durant un siècle et demi, ont quitté leur pays. Face à "cette épopée honteuse qu'il fallait oublier", le journaliste Rocco Femia, veut "être la sentinelle de la mémoire car, un pays qui ne peut pas regarder son passé, ne peut pas regarder son avenir". Rocco Femia travaille ainsi à ce devoir de transmission, et s'inscrit comme l'une des chevilles ouvrières du spectacle, qui sera donné ce soir aux Trois Ponts, à 20 h. Aujourd'hui, il y aurait 82 millions de personnes d'origine italienne dans le monde. "Si les Italiens sont allés, comme d'autres, dans des endroits où il y avait peu de travail, c'est parce qu'ils n'avaient pas le choix, parce qu'ils n'avaient aucune possibilité de survivre dans la Péninsule". Entre 1800 et 1900, des enfants sont vendus pour travailler dans les mines. À la fin de la conférence, Laurent Spanghero, fils d'immigré bien connu, témoignera à propos de sa grand-mère, qui fut vieillie pour "descendre dans la mine". Elle avait 8 ans, il en fallait deux de plus. Depuis 1976, l'Italie n'émigre plus. Au contraire, principalement des Roumains, des Albanais ou encore des Tunisiens tentent de s'installer, de trouver refuge dans la botte italienne. Ils seraient cinq millions. "Reconnaître la richesse de l'autre n'est pas une chose évidente, explique Rocco Femia. Si c'est difficile pour les immigrés, cela l'est aussi pour les pays accueillants, qui voient arriver une horde de personnes à la culture différente". Mais, et c'est là l'un des éléments sur lequel ne peut transiger Rocco Femia, "si nous ne pouvons pas tous les accueillir, la xénophobie et le racisme, ça, s'est impossible ! Avec l'histoire dont nous héritons, nous ne devrions pas pouvoir faire autrement que d'aider ces gens parce que, nous ne pouvons pas oublier notre passé". Or, le 7 juillet 2009, l'Italie stipule que la clandestinité est devenue un délit pénal. "Qui est le clandestin ? C'est le pauvre ! C'est lui qui est visé". Dans sa plaidoirie, l'avocat Rocco Femia rappellera quelques chiffres propres à l'émigration dans son pays : 9,7 % du PIB provient du travail des immigrés, plus de 50 % des ouvriers des fonderies sont immigrés. A Rome, 51 % des ouvriers du bâtiment sont étrangers, ou encore d'ici 2060, 20 % de la population sera immigrée. Et de conclure : "Et bien bon Dieu ! Toujours du même avis, o

01/12/2012, J.-C. S.

Source : Midi libre

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