dimanche 24 novembre 2024 14:47

La France, mauvaise élève de l’OCDE pour l’intégration de ses immigrés

Selon une étude comparative publiée lundi 3 décembre, la France fait partie des mauvais élèves de l’OCDE en termes d’emploi et de niveaux de revenus des immigrés présents sur son sol.
L’OCDE a publié lundi 3 décembre une étude qui compare pour la première fois la situation des immigrés installés dans ses pays membres. Dans ce panorama, la France fait partie des mauvais élèves, que ce soit en termes d’emploi ou de niveau de revenu des populations étrangères.
D’après l’OCDE, les immigrés représentaient en 2010 quasiment 10 % de la population des pays membres, ce qui correspond à une augmentation d’un quart par rapport à 2000.
La proportion d’immigrés a triplé en Espagne entre 2000 et 2010 et a plus que doublé en Islande et en Irlande. Seuls quelques pays n’ont pas enregistré d’augmentation majeure parmi lesquels figurent l’Allemagne, les États-Unis, la France et les Pays-Bas.
De nombreux enfants d’immigrés marginalisés
La plupart des pays – qui font face à des flux d’immigration très différents – ont mis en œuvre depuis une dizaine d’années des mesures visant à faciliter l’intégration des immigrés. Si des progrès ont été enregistrés, il reste encore beaucoup à faire, d’après l’OCDE, pour que les enfants d’immigrés réussissent mieux à l’école et sur le marché du travail et pour que les femmes immigrées accèdent plus facilement à l’emploi.
Ainsi, de nombreux enfants d’immigrés se trouvent marginalisés sur le marché du travail et sont surreprésentés dans la catégorie des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni scolarisés, ni en formation « surtout en Espagne, en Belgique, en Autriche et en France»,souligne l’étude.
Des inégalités plus marquées en France
Avec 11 % de sa population née à l’étranger, la France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE. Mais le taux de pauvreté des étrangers installés en France est de 21,1 % contre 17,3 % en moyenne pour les immigrés de l’OCDE. Et leur taux de chômage était de 14,5 % en 2010 contre 11,9 % en moyenne dans l’OCDE.
Plus grave, les inégalités sont plus marquées dans l’Hexagone: le taux de pauvreté des immigrés y est quatre fois supérieur à celui de la population majoritaire, alors que ce rapport n’est que d’un sur deux en moyenne dans l’OCDE.
La France se distingue sur un autre critère: la concentration des étrangers dans les zones très urbanisées. Dans l’ensemble de l’OCDE, 60% des immigrés vivent dans ces zones, contre 44% de la population globale. Un pourcentage qui atteint en France près de 71%. Par ailleurs, le taux de chômage des descendants d’immigrés se situe à 15,6 % en France contre 13,8 % en moyenne dans l’OCDE.
L’ascenseur social fonctionne encore
Une série d’études coordonnées par l’Insee publiée en octobre dernier montre néanmoins que l’ascenseur social fonctionne encore dans l’Hexagone pour les enfants d’immigrés. La situation des enfants est ainsi plus favorable que celles de leurs parents, même si elle ne rejoint pas, à statut égal, la trajectoire de la population majoritaire.
En moyenne, les migrants ont ainsi un niveau de vie médian de 30 % inférieur à celui du reste de la population. Leur descendance directe divise cet écart par deux. De fortes disparités subsistent en fonction des origines. Cinq ans après leur sortie du système éducatif, 82 % des descendants d’immigrés venus d’Europe ont un emploi, se rapprochant fortement des données de la population majoritaire, alors que les enfants de parents venus d’Afrique ne sont que 61 % à avoir trouvé un travail.
En cause, le réseau social des parents venus d’Afrique, qui serait moins développé. Mais surtout ces enfants, d’origines plus modestes, ont un niveau de formation bien plus faible: un tiers d’entre eux quittent le système éducatif sans aucun diplôme.
3/12/2012, Emmanuelle Réju
Source : La Croix

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