lundi 4 novembre 2024 18:58

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Le noir (te) vous va si bien ou la vision surréaliste de l’immigration vu par J. Bral

Le noir (te) vous va si bien ou chronique d'une famille orientale à Paris. Moncef, nostalgique de sa vie au pays, souhaite inculquer à ses progénitures une éducation irréprochable, mais surtout dans le respect des traditions qui lui sont chères.
La femme de ce dernier, jolie cinquantenaire occidentalisée, ose la jupe au dessus du genou tout en essayant d'arrondir les angles quant à l'autorité paternelle. Du côté des bambins: le grand frère, semblant avoir calqué son mode de vie sur celui de son cher père, et Cobra, héroïne principale, qui est tiraillée entre ces deux existences: celle de fille parfaite, respectant les préceptes d'une enfant «respectable et pieuse», et sa vie hors cocon familial, où elle troque ses foulards et djellabas aux couleurs sombres contre des tenues plus «parisiennes» et une vie de bureau avec sa copine délurée, où les cancans sur le sexe opposé -restés jusqu'ici un mystère pour la jeune femme- font partie intégrante de leur journée.
Le synopsis reste alléchant pour toute personne un tant soit peu intéressée par le thème de l’immigration maghrébine en terre française, bien que mainte et mainte fois traité au cinéma. Mais une famille immigrée ressemble t-elle vraiment à ce que l'on nous suggère ici? Une jeune femme maghrébine sort-elle réellement tous les matins de chez ses parents, vêtue d'un habit traditionnel et portant le voile islamique, pour filer se changer dans un bar en n'omettant pas de commander une bière à 9h du matin, faisant office de petit-déjeuner? Rien n'est moins sûr.
On a ici affaire à un amoncellement de clichés, tous plus saugrenus les uns que les autres. Une scène qui attire particulièrement l'attention est celle où les deux amies se retrouvent au bord d'une piscine, lors d'un repas dans la famille d'un de leurs collègues. L'amie de l'héroïne veut se mettre à l'eau et ne trouve rien de mieux que de s'y jeter entièrement nue. Toute barbotant, la jeune-fille fait remarquer à Cobra que la logique aurait voulu qu'elle fasse de même. On a la sensation ici que le réalisateur a souhaité faire un parallèle entre SES stéréotypes: «française classique» vs «beurette».
Le tout est filmé avec une lenteur assez déconcertante, on n'en finit plus d'admirer les gros plans visages de chacun des personnages, répondant au compte-goutte lors de chacune de leurs interventions, ne nous faisant point tressaillir, alors même que les occasions ne manqueraient pas. Quand Cobra et son collègue sont surpris, en plein baiser fougueux, au sous-sol de leur entreprise, on aurait aimé que quelque chose arrive enfin! Eh bien non, aucune action a proprement parler n'advient alors. Enfonçant, de plus, des portes ouvertes en répétant des phrasés usés et abusés du type: «S'ils se marient ce sera mosquée le vendredi et église le dimanche?!», on est vraiment bien loin de ce à quoi on aurait pu s'attendre de la part d'un Jacques Bral ayant passé ses 18 premiers printemps en Iran.
Sophie Masson
Source : Toutlecinéma.com

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