La Russie, régulièrement critiquée en Europe sur les entorses aux droits de l'homme, a riposté en publiant jeudi un rapport sur la situation dans l'UE, dénonçant racisme, abus policiers et jusqu'à la "persécution des homophobes".
"Malgré les déclarations habituelles de l'Union européenne et de ses membres sur l'attention qu'ils portent à la protection et à la promotion des droits de l'homme au niveau national et international, la situation dans ce domaine au sein de l'espace européen est toujours loin d'être favorable", lit-on au début de ce rapport de plus de 70 pages.
Le texte, publié sur le site du ministère russe des Affaires étrangères, dresse un bilan individuel de chacun des 27 pays membres.
Moscou relève parmi les problèmes les plus criants "la montée constante de la xénophobie, du racisme, d'un nationalisme agressif, du néo-nazisme, d'entraves aux droits des minorités, des détenus, des réfugiés et des migrants".
Sont également cités les inégalités entre hommes et femmes, les abus des forces de l'ordre, et les entraves à la liberté de la presse.
"Tout cela est tout à fait contraire au rôle de modèle et souvent +d'arbitre suprême+ dans le domaine des droits de l'homme et des libertés démocratiques auxquels l'UE prétend,", est-il souligné.
En Allemagne, la Russie dénonce notamment un manque de neutralité des chaînes de télévision, qui offrent selon elle davantage la parole aux représentants du parti au pouvoir.
Moscou cite également un rapport de l'ONG Amnesty International, datant de mai 2012, selon lequel "l'Allemagne continue à exporter de manière active des armes dans des pays où il y a des atteintes systématiques aux droits de l'homme".
Ce même rapport avait également pointé du doigt la vente d'armes russes au gouvernement syrien.
En Grande-Bretagne, la Russie dénonce des discriminations et un racisme en hausse, y compris dans les discours de représentants du pouvoir.
Le rapport décèle également, selon elle sous couvert de défense des droits des minorités sexuelles, une campagne de "persécution des homophobes".
"En avril 2012, à Londres une publicité appelant à guérir les gens ayant une orientation sexuelle non traditionnelle a été interdite", est-il écrit dans le rapport, qui précise que c'est le maire de Londres qui l'a interdite.
L'homophobie est largement répandue en Russie, où l'homosexualité était considérée comme un crime jusqu'en 1993 et comme une maladie mentale jusqu'en 1999.
La France est, elle, épinglée sur la question des Roms, ainsi que sur le comportement de la police envers les immigrés et la situation dans les prisons.
"En raison de la surpopulation et de l'insalubrité, les prisons locales sont considérées comme les pires parmi les principaux pays de l'UE", est-il écrit.
Quelques pays sont néanmoins salués, comme l'Irlande où "en général, la situation des droits de l'homme peut être considérée comme satisfaisante", et le Luxembourg.
Moscou affiche son intention "d'attirer l'attention des pays membres de l'UE (...) sur les sérieux problèmes des droits de l'homme sur leur territoire".
Mais la Russie "est prête à un dialogue d'égal à égal et constructif avec l'UE" sur ces questions, souligne le rapport.
La situation des droits de l'homme en Russie a été critiquée à plusieurs reprises par l'Union européenne, comme par nombre d'ONG russes et internationales.
Récemment, l'UE s'est déclarée préoccupée par l'adoption de lois jugées répressives par l'opposition russe, par exemple celle élargissant la définition de la haute trahison ou celles qualifiant d'"agents de l'étranger" des groupes bénéficiant de financements étrangers.
En octobre, le Parlement européen a de son côté adopté une résolution réclamant des sanctions à l'encontre des fonctionnaires russes impliqués dans la mort en détention en 2009 du juriste Sergueï Magnitski.
06 déc 2012, Laetitia PERON
Source : AFP