lundi 4 novembre 2024 23:37

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Avec la crise, les Espagnols reprennent le chemin de l'émigration

Dans les années 2000 du boom immobilier, l'Espagne était devenue une terre promise pour les immigrants. Avec l'explosion de la bulle en 2008 et la crise, le flux s'est inversé et ce sont les Espagnols qui prennent aujourd'hui le chemin de l'émigration.

Les immigrés, dont une bonne partie est issue des anciennes colonies espagnoles en Amérique latine, ont été les premiers à perdre leur travail et à rentrer dans des pays aujourd'hui en pleine croissance.

Face à un chômage qui frappe un actif sur quatre et un jeune actif de moins de 24 ans sur deux, les Espagnols qualifiés ont suivi, visant les pays européens, mais aussi le Brésil ou le Venezuela.

Mercedes Martin, 29 ans, en fait partie. Elle part en janvier pour le Brésil, espérant y développer son entreprise de marketing internet, plutôt que de chercher d'hypothétiques clients en Espagne.

"C'est difficile, car ici les entreprises n'investissent pas. Ils ont très peur, font beaucoup d'économies sur les coûts, sur les dépenses. Au Brésil, je pense qu'il y a plus d'opportunités", dit Mercedes, qui a déjà fait des voyages de repérage dans le pays.

"Il y a beaucoup plus d'offres d'emplois là-bas pour les personnes qualifiées", remarque-t-elle, citant les besoins nés de l'organisation de la Coupe du Monde de football de 2014 et des Jeux Olympiques de 2016.

A 37 ans, Catherine Hernandez, née au Venezuela et installée depuis 12 ans aux Canaries avec ses parents originaires de ces îles espagnoles, s'apprête elle aussi à quitter sa famille à Las Palmas pour retourner au Venezuela, où la croissance devrait atteindre 5% en 2012.

"Je n'ai pas de travail" aux Canaries, où le chômage atteint 33%. "Au Venezuela, c'est la croissance, il y a beaucoup d'opportunités. Il y a tous les types de travail", dit-elle.

Ironie de l'histoire, "pendant le boom immobilier de la dernière décennie, les latino-américains étaient très mal vus". "Il y avait l'idée que les pauvres venaient prendre les emplois aux Espagnols. Maintenant, ceux-là mêmes qui les dénigraient se retrouvent dans la situation de devoir partir", relève-t-elle.

Quelque 117.000 Espagnols ont quitté le pays durant les deux dernières années, selon les chiffres officiels, le pays renouant avec une vague d'émigration qui avait marqué les décennies de dictature franquiste (1939-1975).

En 2011, le solde migratoire de l'Espagne est d'ailleurs devenu négatif, l'émigration étant désormais supérieure à l'immigration.

Signe de cette tendance, les écoles de langues font le plein, comme l'antenne à Madrid de l'Institut Goethe, une organisation culturelle allemande, qui a vu son nombre d'élèves augmenter de 50% en deux ans.

"Depuis février 2011, nous avons enregistré un nouveau groupe important d'élèves", témoigne le directeur des études, Manfred Ewel.
"Environ 25% de nos étudiants sont ingénieurs, médecins ou informaticiens, qui cherchent un avenir professionnel en Allemagne".
Jaime Mora Fernandez, un dessinateur industriel de 21 ans, est lui parti sur "un coup de tête", pour tenter sa chance en Angleterre.
"J'ai acheté mon billet le mardi et je suis parti le lundi suivant" pour Liverpool, parce que "le nom sonnait bien".

"Durant la semaine j'étais bien mais lorsque je suis arrivé là-bas, je me suis retrouvé tout seul, ça a été plus dur", raconte-t-il, joint par téléphone.

En quelques semaines, il a trouvé un appartement, une école offrant des cours gratuits d'anglais et un petit boulot de plonge pour payer son loyer.

Dans son cours d'anglais, 90% des étudiants sont espagnols, dont de nombreux diplômés: un psychologue, un biologiste et un ingénieur.

"Le plus dur, c'est de laisser les gens que tu aimes, la famille, les amis" mais "c'est une leçon de vie. Tu es loin de chez toi et tu fais ta vie. Cela me fait grandir à grands pas".

13 déc 2012, Roland LLOYD PARRY

Source : AFP

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